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Return to Equinoxes, Issue 4 :Automne/Hiver 2004-2005
Article ©2004, Katia Viot-Southard

 

Katia Viot-Southard, Washington University, St. Louis

Volupté de Rachilde : Une explosion de sens, des saisissements au bout des doigts

Il est de certaines sensations délicieuses dont le vague
n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe
plus acérée que celle de l'Infini.

Charles Baudelaire. Le Spleen de Paris

La quête symboliste se déploie avec force dans la pièce de Rachilde 1 Volupté, publiée en 1893 dans le Mercure de France et représentée pour la première fois en 1896 au Théâtre de la Rive Gauche. Cette scène unique participe pleinement de l'aventure rachildienne vers les marges d'une sexualité qui ose s'exprimer. « Elle », quatorze ans et « Lui », quinze ans, sont assis près d'une fontaine, ils parlent et explorent le monde des sensations : « Elle  : Ce sont des choses que nous ne comprendrons jamais - Lui : Est-ce bien utile de comprendre ? » (179). Mais, « Elle » est curieuse, elle veut savoir. Les deux jeunes amoureux vont alors franchir les limites de la décence bourgeoise fin de siècle, et pénétrer dans le monde de la connaissance sensorielle. Pourtant, ce monde, ils ne peuvent l'infiltrer que par deux portes qu'ils croient essentielles : la douleur et le plaisir. Enfants, ils n'imaginent qu'un monde manichéen, un monde reposant sur des dualités fondamentales : le bien et le mal, le beau et le laid, la douleur et le plaisir… Cet univers, divisé, s'appréhende par un jeu des sens : voir, entendre, sentir, goûter mais surtout toucher : voilà par où passera l'initiation. « Elle » veut posséder le savoir des adultes, « Lui » veut la posséder.

Nous approcherons le texte par la dualité que nous impose le regard des enfants. Par la douleur d'abord, par le plaisir ensuite et surtout par ce que ces deux notions opposées impliquent d'essentiel : une déflagration de la limite.

Tout commence avec le jeu. L'adolescente encore enfant va s'aventurer dans le monde des sensations parce qu'elle veut savoir pourquoi son corps tremble, pourquoi sa peau frissonne. Les adultes ne donnent pas d'explication, l'enfant doit donc visiter seul les émois qui parcourent son corps. Parce qu'elle pense que « ce n'est pas naturel tout ce qui nous arrive » (180), la jeune fille pénètre le monde de la connaissance et va entraîner avec elle, un « Lui » moins ardent d'ailleurs à l'exploration mentale. Ce qui l'intéresse, « Lui », c'est enfouir sa tête au cœur du corps de l'enfant. Il cherche le plaisir physique, simple contact où le corps pourvoit à l'essentiel des besoins : « Laisse-moi dégrafer ton corsage pour aller respirer ton cœur, j'en ai la tentation ! » (186). « Elle », au contraire, veut autre chose, chercher plus loin pour comprendre pourquoi : « cela [lui] faisait plaisir d'avoir mal. » (180)

Elle va alors évoquer: « tout ce qui [lui] fait de la peine » (180), et fouiller le monde des sensations. Ces sensations que Gilles Deleuze appelle  signes sensibles, impressions pouvant apporter un plaisir immédiat et qui peuvent aussi transmettre un impératif : découvrir ce qu'il y a derrière, retourner le signe pour voir ce qu'il cache. Ainsi, l'impression immédiate entraîne vers autre chose, elle mène le sensible dans la direction du mystérieux, vers un état secret de jouissance cachée. Explorons avec « Elle » ces signes qui font mal, qui interrogent :

Quand je me lave, je presse mon éponge au-dessus de ma nuque et je laisse couler tout doucement des gouttes. Elles roulent lentement, avec de petits froids détestables, puis elles finissent par me brûler, et je tombe en arrière dans un fauteuil, prise d'un fou rire ! Oh ! c'est une peine terrible, celle-là ! je n'ai jamais pu m'empêcher de me la donner…(181).

L'idée de pureté transparaît dans les miroitements de l'eau. « Elle » se lave, l'enfant est propre et nue, elle symbolise alors l'état originel, immaculé de l'humanité. La symbolique aquatique entraîne inévitablement vers « l'imagination matérielle de l'eau » sur laquelle Gaston Bachelard se penche dans son ouvrage L'Eau et les rêves  : « l'eau en dissolvant les substances, aide l'imagination dans sa tache de désobjectivation»(17). L'eau liquéfie l'univers symbolique des signes et permet alors à la jeune fille de se détacher du monde objectif des choses et de leur désignation. L'eau n'est plus seulement symbole féminin de pureté, elle dessine aussi dans sa profondeur et dans sa violence un élément poétisé qui, selon Bachelard, permet à l'imagination de « former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité»(23). La jeune fille a déjà compris que : « La peine de l'eau est infinie»(9).

En effet, l'état de pureté va se souiller grâce à des mots qui traduisent les impressions ressenties par la jeune fille et qui créent un univers effrayant où la pureté de l'enfance est altérée par le naturel de la douleur et du plaisir. Pourtant, tout est rondeur dans cette évocation : l'éponge, la nuque, les gouttes qui coulent et qui roulent et le fauteuil dont les bras accueillent l'enfant riant. Cependant, cette absence d'angle suggère une douleur arrondie, qui ne pique pas mais qui précisément excite. Ainsi, l'analogie commune entre le mal et l'aigu disparaît pour faire place à l'impression pure de la douleur. Ce sont les « petits froids détestables », qui dardent la peau, qui provoquent la sensation ; la rondeur de la goutte d'eau expire au contact de l'épiderme et se transforme en aiguillons froids qui « finissent par brûler. » Cette transformation essentielle est le signe de la douleur. Derrière la sensation, derrière le signe sensible de l'eau qui coule sur la peau, il y a l'espace de la réflexion, de la pensée en mouvement qui crée une dimension nouvelle et donne à l'impression désagréable la possibilité de se répandre. C'est de la transformation furtive des signes sensibles que la peine surgit. Du froid glacial au chaud brûlant, « Elle » s'interroge devant l'étendu des possibles qui touchent sa peau. Son rire est énigmatique, il renferme l'incompréhension qui jaillit des secrets d'une sensation physique inconnue.

C'est aussi de sensations hétéroclites et multiples dont il est question dans l'évocation de cette autre douleur :

[…] un passage où il y a une note aiguë, je le répète durant des heures, j'arrive à ne frapper qu'un seul accord, que cette seule note aiguë, toujours, toujours, le poignet m'en cuit. Ça devient comme un bruit de cristal qu'on brise perpétuellement, c'est fin, fin, et cela me dit des choses extraordinaires. Ça entre dans mon oreille comme une plume frisée, une aigrette de diamant, un pinceau de velours.(184)

Le contact de la touche du piano contre la peau délicate de l'enfant devient musique. Mais quelle musique ! Une symphonie de souffrance : le bruit fait mal, le corps se scinde « je me serais cassée en deux morceaux… » (184) et les mots définissent de nouvelles sensations. Grâce à des alliances magiques, ce qui touche l'enfant, ce qui résonne en elle, c'est un bruit qui vient d'ailleurs…un bruit qui effleure la peau : plume, aigrette, pinceau évoquent la délicatesse d'une matière souple et délicate. « Elle » entend l'arrondi du frisée , le pointu du diamant et la souplesse du velours . Nobles matières converties en un autrement qui s'immisce et brouille les frontières qui séparent les sens. Tout se mêle : les sons touchent l'épiderme, le contact physique devient musique. Ainsi, l'adolescente se laisse emporter par le désordre de toutes ses sensations et se souvient d'autres douleurs :

Ah ! Il y a la peine du satin. Je passe mes mains sur mon couvre-pied de satin pompadour, et…tu sais, on a des petites envies, des petites excoriations au bout des doigts, alors toute ma chair se hérisse tant ça me fait mal de les accrocher dans cette étoffe trop douce.(184)

Le satin, moelleux, brillant mais aussi froid et dur entre en contact avec ces morceaux de peau qui se logent près des ongles. Explosion : deux matières se rencontrent et s'affrontent. L'imagination perçoit l'âpreté du contact, la douceur de la matière n'est qu'illusion. La vue se laisse décevoir par le tissu scintillant, par les reflets infinis que le satiné offre aux regards. Mais, sous le contact physique, le tissu perd sa magie enchanteresse. Il fait mal car il offre trop de sublime aux imperfections de la peau. L'écart entre le beau et le laid se réduit brusquement. La matière est trop douce ; derrière l'image qu'elle reflète, autre chose se cache et existe. Pour Bachelard : « Il y a […] des images de la matière, des images directes de la matière . La vue les nomme, mais la main les connaît»(2). Au gré de l' imagination de la matière , l'œil, isolé des autres sens, ne peut qu'être trahie, il faut donc « s'évertuer à trouver, derrière les images qui se montrent, les images qui se cachent, aller à la racine même de la force imaginante»(3). C'est par le touché que l'enfant peut retourner l'image trompeuse et appréhender dès lors l'illusion du réel. Le secret derrière le signe qui heurte donne à l'imagination une étendue infinie pour se développer. Tout est lié, les petits plaisirs et les souffrances aiguës, comme aussi : « La peine de désirer avoir une chemise en tulle de voilette, brodée de gros pois dont deux s'arrêteraient sur chacun de mes seins…»(184). Douleur de ne pas pouvoir se couvrir d'un tissu léger et transparent, douleur de vouloir cacher tout en laissant voir.  Le tulle de voilette, ce petit morceau de tissu qui laisse entrevoir le visage sous la transparence de l'étoffe, conduit l'adolescente vers des rêves voluptueux, vers un exhibitionnisme naturel mais interdit et qui pourtant lui permettrait de comprendre : comprendre en voyant dans le regard de l'autre ce que son corps dégage d'érotisme inconnu. Douleur du désir inassouvi, douleur face à l'interdit qui fixe des limites et empêche d'appréhender le monde sensible pourtant si présent.

La peine de l'enfant ne vient donc pas des sensations. Sa douleur s'allume devant l'impossibilité de comprendre et de se comprendre. Cette incompréhension des signes sensibles, qu'« Elle » transfert d'ailleurs sur le jeune garçon : « Tu ne peux rien y comprendre ! » (185), dévoile la distance qui sépare les mots et les sensations dans l'infini de la perception. Elle ne peut ni nommer ni expliquer, cependant elle peut ressentir.

Grâce à l'incursion des deux adolescents dans le domaine des sensations, l'être humain imaginant apparaît. « Elle » évoquant ses peines, « Lui », au contraire, révélant ses plaisirs :

Moi, je reste souvent planté devant une vitre de ma fenêtre en pensant à toi, qui ne le mérite guère, puis j'ai envie de passer mon ongle le long du verre pour le faire grincer, et rien que de songer à ça ma bouche se remplit de salive. Il faut que je fasse grincer mon ongle, c'est plus fort que moi, il le faut ! Les vitres attirent mes ongles.(180-81)

La jeune fille ne saisit pas : « Je t'ai demandé ce qui te faisait plaisir » et le jeune homme de s'exclamer : « Mais, non c'est un plaisir ! » Ainsi, les jeunes enfants appréhendent la peine et le plaisir selon leurs propres critères, selon leurs propres désirs. La limite que les mots définissent n'existe pas. Le plaisir selon le jeune garçon, c'est l'envie immédiate d'un contact physique insolite. L'ongle contre le verre, sensation du bout des doigts où le corps, la peau ne se retrouvent pas. Deux matières antinomiques se rencontrent: l'épiderme et le verre. La peau est chaude, imparfaitement lisse, rugueuse même, tandis que la glace est froide et parfaitement polie. C'est donc à travers le choc inhabituel de deux corps étrangers que « Lui » ressent la secousse du plaisir. Et il continue :

J'ai un autre plaisir encore plus beau. Je mets mon index sous un rasoir, et je me dis : « Une ! Deux ! Trois !…Attention ! » Puis j'enlève tout de suite le rasoir quand je sens qu'il va couper. Je crois que je vois ruisseler mon sang par terre, et que mon doigt est tombé en gigotant comme un morceau de serpent rouge. (181)

Le plaisir devient violence. La lame du rasoir suggère le danger que le jeune homme fantasme. Contact singulier, lieu encore inexploré, ce danger est un signe. Le plaisir éprouvé à pénétrer ce lieu encore vierge renvoie au désir de puissance de l'homme. « Lui » est homme parce qu'il veut posséder ce pays imaginaire qu'est l'inconnu. En outre, il a besoin du regard de l'autre pour soutenir l'image qu'il veut réfléchir de lui-même : « Ah ! si on me voyait, on saurait que j'ai du courage. » Le jeune homme, à la différence de la jeune fille, ne peut pas explorer seul le monde imaginaire qui s'ouvre à lui. Il reste ancré dans l'illusion du réel car ce qu'il désire n'est rien d'autre qu' « Elle », son corps, sa chair et son être. Le jeune homme souhaite « dégrafer [son] corsage » (186) mais « Elle » ne lui laisse que la possibilité de caresser ses cheveux mouillés qui viennent de se dérouler sur l'eau. Cette longue chevelure qui s'immerge délicatement, rappelle les cheveux blonds de Mélisande qui plongeant dans l'eau de la fontaine vont ensuite inonder le visage de Pelléas 2. La chevelure érotisée, chantée par Maeterlinck mais aussi par Baudelaire, dévoile un univers sexuel sous-entendu, un érotisme latent qui se perpétue avec justesse dans cette scène de volupté. Le jeune homme encouragé par la sensualité exacerbée de la jeune fille devient exigeant :

Ecoute ! j'ai un moyen de te prendre malgré toi tout entière. Tu vas te pencher sur la fontaine et te mirer, puis tu me redonneras à boire de l'eau que tu prendras à la place où tu te seras vue. Ainsi je boirai ton portrait et tu seras en moi pour l'éternité ! (187)

L'image de l'eau réapparaît donc dans toute son évidence à l'intérieur de cette scène submergée par l'élément aquatique, la fontaine symbolisant le lieu idéal auprès duquel l'imagination amoureuse peut s'envoler. En outre, l'eau miroir renvoie inévitablement au mythe de Narcisse. Narcisse ou comme le définit Bachelard : « l'amour de l'homme pour sa propre image, pour ce visage tel qu'il se reflète dans une eau tranquille»(31).

Mais ici l'homme ne veut pas contempler sa propre image, il veut que celle de l'être aimé se fonde en lui. Et puisque, comme le souligne Bachelard : « Le miroir de la fontaine est […] l'occasion d'une imagination ouverte . Le reflet un peu vague, un peu pali, suggère une idéalisation » (33) la réverbération aquatique fertilise l'imagination, le jeune garçon peut se laisser emporter, aller où sa fantaisie le mène et saisir enfin dans le reflet du visage de la jeune fille le monde idéalisé de ses désirs. Beauté parfaite, elle incarne en effet le fantasme. Ainsi, en buvant son image, le jeune garçon ne détruit pas l'illusion, « Elle »  reste pure et idéale. Cependant, alors que « Lui » rêve et se complait dans l'idéalité, l'adolescente retourne vers les profondeurs des mystères de la vie : « Oh comme cette eau est profonde ! Je parie que cette fontaine traverse toute la terre, tant elle est noire ! » (188). Elle contemple l'eau et comprend le vaste champ des possibles. L'eau n'est pas seulement miroir, l'eau n'est pas simplement symbole de fraîcheur et de pureté, l'eau ne figure pas que l'assouvissement du désir, car l'eau représente aussi un élément profond, mystérieux, dangereux qui par ses mouvements incessants, par ses constantes métamorphoses peut aussi faire vaciller tous les sens et dès lors faire basculer le monde : « [l'eau] est tellement bleue en ce moment qu'on croirait se pencher sur un ciel tombé dans la mousse… »(189). La jeune fille perd tous repères, elle chancelle en prenant conscience de l'impossibilité d'explorer profondément le monde des sensations car si elle va trop loin, elle va se perdre, se détacher du réel, perdre la vie : « Elle se trouve mal ! mon Dieu ! Elle va mourir ! »(190). Ainsi non seulement les sens se confondent et se jouent les uns des autres mais en plus parce qu'ils appartiennent au domaine du sensible et du mouvant, ils restent insaisissables. La jeune fille qui évolue ici dans la volupté de la sensation physique bien qu'elle ait eu l'envie de comprendre et d'explorer ce monde sensible se trouve incapable d'aller plus loin et face à la profondeur et aux reflets inquiétants de l'eau « Elle » décide finalement de partir : « Allons-nous-en ! »(190). Ne pouvant pas apaiser sa passion pour la sensation, « Elle » doit abandonner son exploration sensible et sensuelle et laisser le reflet fugitif de son image idéalisée miroiter sans vie à la surface de l'eau : « un reflet de soleil éclaire l'autre morte, dont la bouche, ouverte toute grande, laisse voir les dents très blanches à travers l'eau pure» (190).

Grâce à des associations insolites et à des impressions singulières, Rachilde crée de nouvelles harmonies qui se situent aux limites de la sensation et du langage. Elle nous fait pénétrer dans un univers où l'enfance se détache avec violence de la pureté et de l'idéalité. Elle dévoile, en effet, un espace décomposé qui se transforme sans cesse et qui n'a rien de commun avec l'image polie et policée que la société bourgeoise de cette fin de siècle tente d'imposer ; cette image stérile étant trop superficielle pour pouvoir englober la pluralité qu'un regard sur le vaste monde des sensations impose pourtant avec évidence. Rachilde parvient donc à mener le lecteur/spectateur vers une réalité composée d'impressions et d'états d'âme aux nuances variées. C'est une réalité sensible très loin du réel et en ce sens  Volupté   contribue prodigieusement à la recherche symboliste de cette fin de siècle.


Katia Viot-Southard ([email protected]) is a Ph.D. candidate in the Romance Languages Department at Washington University in St. Louis. Specializing in Nineteenth-century French literature, she is currently working on her dissertation. Her research focuses on women playwrights in 19th century France.


Notes:

1 Rachilde, pseudonyme de Marguerite Eymery, doit sa célébrité à des débuts littéraires tumultueux et à la condamnation pour obscénité de son roman Monsieur Venus en 1884. Liée au mouvement décadent, elle participe activement à la vie littéraire de son temps grâce à sa contribution au Mercure de France , journal dirigé par son mari Alfred Valette qui exerce alors une influence prépondérante dans le milieu intellectuel parisien. Rachilde, romancière et critique littéraire, s'est aussi impliquée avec ardeur dans l'expérience théâtrale symboliste.

2 La pièce Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck paraît en 1892 et est représentée pour la première fois en mai 1893. Rachilde s'enthousiasme pour l'œuvre de Maeterlinck et participe activement au projet de monter la pièce dans le cadre du « Théâtre de l'Œuvre »  de Lugné-Poe. Une lettre de Rachilde adressée à ce dernier le 15 février 1893 souligne cet enthousiasme: « J'apprends, Monsieur Lugné-Poe, par Paul Fort, que vous avez bien compris que la représentation de « Pelléas et Mélissande » était […] pour le Théâtre d'Art la porte de la gloire […] » (Lugné-Poe 225) Il est donc certain que Rachilde avait lu le texte de Maeterlinck avant d'écrire Volupté . L'influence du maître transparaît alors avec évidence.

Bibliographie:

Bachelard, Gaston. L'Eau et les rêves. Essai sur l'imagination de la matière .

Paris : Librairie José Corti, 1942.

Deleuze, Gilles. Marcel Proust et les signes . Paris : Presses Universitaires de France, 1964.

Lugné-Poe. Le Sot du tremplin. Souvenirs et impressions de théâtre . Paris : Gallimard, 1931.

Maeterlinck, Maurice. Pelléas et Mélisande . Bruxelles : Editions Labor, 1983.

Rachilde. Contes et nouvelles. Suivis du Théâtre . Paris : Société du Mercure de France, 1900.