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Return to Equinoxes, Issue 8:Automne/Hiver 2006-2007
Article ©2007, Frédéric Miquel

 

 

 Frédéric Miquel, Université de Montpellier III - CNRS

RÉVÉLATION ET RÉVOLUTON AU xviie SIÈCLE: L' ÉCRITURE CHRISTOCENTRIQUE DE BÉRULLE

 

Au XVIIème siècle, la théologie et l’astronomie font figures de sœurs ennemies ! L’on sait que la remise en cause du géocentrisme de Ptolémée et d’Aristote  provoque, à cette époque, un conflit entre l’Église et la vision héliocentrique de Copernic, Kepler et Galilée. Néanmoins, l’étude de Dieu et celle des planètes entretiennent aussi d’évidentes relations de proximité, dans la mesure où le langage théologique emprunte volontiers ses concepts au lexique astronomique. Ce transfert est favorisé par l’ Ecole française de spiritualité  dont le fondateur, Pierre de Bérulle (1575-1629), développe une spiritualité axée non plus sur la transcendance inaccessible de Dieu - à l’instar de la mystique rhéno-flamande1 -, mais sur ce qu’Henri Brémond appellera, la « révolution christocentrique » 2  : la référence à la révolution copernicienne entend souligner le changement de perspectives, qui accorde une importance centrale à l’Incarnation du Christ. La seconde personne de la Trinité, envoyée par Dieu pour le salut de l’humanité, constitue le sommet de la contemplation et le cœur des méditations tissées par les ouvrages de Bérulle, tels que les Discours de l’état et des  grandeurs de Jésus3 ou la Vie de Jésus qui s’émerveille devant l’instant de la venue de Jésus dans le sein de Marie. Entre-temps, méditant sur la vie de Marie-Madeleine, Bérulle a publié l’Élévation sur sainte Madeleine, pour proposer en modèle cette sainte qui ne cesse de tourner autour de Jésus.4  Dans ce contexte, la problématique révolutionnaire expose non seulement une lecture spirituelle de la science moderne, mais aussi une conversion rhétorique  de la dynamique circulaire.

Les sphères astronomiques, entre géocentrisme et spiritualité

Il n’est pas étonnant de retrouver, sous la plume de Bérulle, la conception géocentrique de l’univers, même si l’héliocentrisme gagne les esprits scientifiques dès la fin du XVIe siècle. L’Église s’appuyait alors sur plusieurs passages de la Bible pour affirmer que la terre était le centre immobile du monde, autour duquel gravite en particulier le soleil.5 Ces erreurs d’interprétation résultent d’une lecture littérale des Écritures. Remis en cause par l’exégèse historico-critique qui se développe à partir du XVIIe siècle, le fondamentalisme sera remplacé par une lecture spirituelle refusant de considérer la Bible comme un ouvrage scientifique et cherchant à en révéler les significations figurées sous le voile des images.6

Signalons que, quelques décennies plus tard, les Pensées du scientifique chrétien Pascal inviteront encore l’homme à admirer la révolution opérée par le soleil autour de la terre :

Qu’il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu’il s’étonne de ce que ce vaste tour lui-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent.7

Créé par la bienveillance divine, l’astre solaire tourne autour du globe terrestre, sur le modèle du mouvement circulaire des objets célestes de l’univers.  Bérulle se réfère, comme Pascal, à l’état des connaissances de son époque : « Les mathématiciens affirment qu’il y a des étoiles à l’entour du soleil qui est leur centre, et elles tournent à l’entour de lui, comme le soleil tourne à l’entour de la terre ».8 Et il semble même admettre la première loi de Kepler, lorsqu’il affirme que le soleil « fait ses périodes et ses révolutions avec un si bel ordre et mesure que nos esprits ne suffisent pas même à concevoir une si grande vitesse avec une si grande égalité ».9 
Mais sa préoccupation quitte le domaine astronomique pour élaborer une méditation spirituelle sur la dynamique sphérique qui anime la Création. Les Discours s’émerveillent devant cette perfection  géométrique, dont Eudoxe de Cnide, « l’un des plus fameux astronomes de l’Antiquité »,10 est l’un des théoriciens. Mathématicien du IVe siècle av. J.C., il a influencé Euclide et Aristote ; c’est lui qui formula la première théorie du mouvement planétaire, conçu comme ensemble de sphères concentriques. Bérulle investit pleinement le symbolisme de cette forme cosmologique qui exprime la perfection divine :

En la contemplation donc de nos mystères regardons Dieu comme une sphère admirable, non pas seulement au sens que la lumière même de la philosophie païenne l’a reconnu, mais encore en un sens bien plus haut et plus élevé que la lumière de la foi nous enseigne et révèle. Car Dieu est une sphère en son essence, en sa connaissance et en sa providence, qui a son repos dans son propre centre et n’a mouvement que dans soi-même (si nous pouvons user de ce terme en parlant d’un être parfaitement immuable).11

La christianisation du concept grec des sphères concentriques désigne l’accomplissement indépassable de ce mouvement interne, c’est-à-dire la communication des trois personnes de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Un peu plus loin, Bérulle, se référant au Timée de Proclus, utilise une expression paradoxale pour suggérer le Dieu littéralement incompréhensible qui comprend le monde : « cette sphère intellectuelle, de laquelle le centre est partout et la circonférence nulle part ».12

En outre, la figure idéalisée de la trajectoire circulaire correspond surtout au mouvement de l’Incarnation. Engendré par le Père au sein de la Trinité, le Fils s’incarne en Jésus-Christ, pour ramener avec lui, jusqu’à Dieu, l’humanité pécheresse. En d’autres termes, le messie descend du Ciel vers la terre puis, dans un second temps, ascensionnel, remonte vers Dieu. Puisque « dans cet œuvre incomparable de notre Créateur et recréateur, tout retourne au même point d’où il est parti, c’est-à-dire à Dieu »,13 les fidèles sont invités à entrer dans cette ronde salutaire qui est la chorégraphie d’une religion que saint Augustin, dans De uera religione,14 définit comme un retour à Dieu. Alors que le Mal éloigne l’Homme de son centre divin, la vertu chrétienne abolit cette force centrifuge. La parabole de l’enfant prodigue15 décrit parfaitement la fuite hors du cercle vertueux de la famille divine, puis le retour dans le giron du père miséricordieux.

L’héliocentrisme divin de Bérulle

De la terre vers le Ciel, la géographie chrétienne ne doit donc pas être représentée comme un avatar spirituel du géocentrisme !  Contrairement à l’humanisme de la Renaissance qui place l’homme au centre de toute considération, la foi invite plutôt à ressembler aux étoiles qui gravitent autour du soleil : « Plaise à Dieu que nous soyons l’une de ses étoiles, tournant à l’entour de Jésus et non à l’entour de nous-mêmes comme nous faisons journellement ».16  Le soleil acquiert une nouvelle dimension, il devient le centre autour duquel devraient tourbillonner les âmes. Telle est l’image la plus bérullienne.17 Le Jésus de l’Élévation sur sainte Madeleine est le soleil «vivant, de nos temples, de justice, de gloire », 18 et Madeleine reçoit sa grâce « comme la neige au soleil, comme une cire amollie par ses rayons, comme le cristal poli ».19 Le Dieu-Soleil, principe cosmique de toute vie, trône au sommet du panthéon de nombreuses civilisations antiques.20 Cependant, les métaphores et comparaisons substituent à l’idolâtrie un christocentrisme faisant du Fils le foyer de la Vie et le modèle parfait antérieur à l’astre du jour. L’image se fait mage, venant porter l’offrande au Dieu orient – formule chère à l’auteur. La figure christocentrique offre au langage une puissante métaphore capable de receler la vérité essentielle, la vocation primordiale du monde, l’ Unité qui le fonde et le soutient en Dieu. Telle est l’ambition de la dernière page de l’ouvrage qui montre Madeleine

[…] secrètement attirée par la puissance de Jésus : il est dans son horoscope son astre dominant et son ascendant au point de sa naissance, en la vie de la grâce ; il est l’astre régissant tout le cours de sa vie […] Elle suit son astre et son soleil, et recherchant sa douce présence, veut s’exposer directement et pleinement aux influences de sa grâce et porter les effets de sa divine présence.21

Cette ultime métaphore filée emprunte le langage astrologique et le style précieux pour dessiner, plus qu’une valorisation de Dieu, une dynamique héliocentrique qui meut l’esprit guidé par le souffle de la foi. C’est pourquoi Bérulle n’est pas insensible à la révolution copernicienne, qu’il interprète d’une manière christologique :
Un excellent esprit de ce siècle a voulu maintenir que le soleil est au centre du monde, et non pas la terre ; qu’il est immobile et que la terre, proportionnellement à sa figure ronde, se meut au regard du soleil ; par cette position contraire à toutes les apparences qui obligent nos sens à croire que le soleil est en un mouvement continuel à l’entour de la terre . Cette opinion nouvelle, peu suivie en la science des astres, est utile et doit être suivie en la science de salut, car Jésus est le Soleil immobile en sa grandeur et mouvant toutes choses […] Jésus est le vrai centre du monde et le monde doit être en un mouvement continuel vers lui. Jésus est le soleil de nos âmes duquel elles reçoivent toutes les grâces, les lumières et les influences. Et la terre de nos cœurs doit être en mouvement continuel vers lui, pour recevoir, en toutes ses puissances et parties, les aspects favorables et les bénignes influences de ce grand astre.22

La cosmologie de Bérulle établit un parallèle entre la révolution de la terre autour du soleil et la vocation de l’homme à l’égard du Messie. Bérulle met prudemment à distance les thèses nouvelles, il les traite comme des figures intéressantes du point de vue allégorique. Il semble d’autre part que le rapprochement ne soit pas absolu, puisque la planète effectue une simple rotation, alors que l’âme s’élève « vers » Jésus, si bien que la révolution chrétienne s’apparente, au sens premier du terme, à une spirale de sainteté.

Le phénomène astronomique du retour cyclique concerne aussi le phénix, dont les connotations solaires sont bien connues. Cet oiseau mythique, d’origine éthiopienne, est d’une beauté incomparable et a le pouvoir, après s’être lui-même consumé sur un bûcher, de renaître de ses cendres. Il figure dans plusieurs mythologies, notamment comme symbole de force créatrice, de régénération ou de révolution solaire.23 Il est intéressant de constater que le topos du parcours circulaire s’applique non seulement au Christ ressuscité, mais aussi au converti, c’est-à-dire à celui qui, étymologiquement, se détourne de son cheminent premier pour effectuer un retour en profondeur vers sa nature spirituelle originelle.La première illustration concerne Marie-Madeleine, que Bérulle décrit ainsi :

Et comme son esprit va prenant vie, force et amour en Jésus, son corps va tous les jours se consommant comme un nouveau phénix dans les flammes d’un amour puissant, divin et céleste. 24
Là je vous regarde comme un phénix vivant et mourant dans ces propres flammes, mourant non seulement dans l’amour, mais par l’amour même de Jésus. 25

D’ailleurs, le Moyen Age avait fait du phénix le symbole de la résurrection du Christ, à la suite d’Origène qui voyait en lui l’image d’une « irréfragable volonté de survie », 26 triomphe de la vie sur la mort, du jour solaire sur la nuit infernale. Et, à deux reprises dans ses Discours, Bérulle compare le Christ ressuscité à cet oiseau renaissant.27

Figures sacrées de la révolution

Le motif héliocentrique, dont nous venons d’étudier la théologie, suscite une poétique originale. En effet, Bérulle emploie plusieurs procédés traditionnels, tout en orientant leur finalité vers l’expression de la circularité spirituelle à laquelle il veut faire participer ses lecteurs. Il s’agit là d’une belle illustration des préconisations émises par saint Augustin dans De doctrina christiana, qui consistent à christianiser la rhétorique cicéronienne du De oratore.28

Il semble tout d’abord que les procédés de répétition soient gouvernés par un principe cyclique de réunification du langage et de l’être. Ils entendent lutter contre la succession chronologique et la dispersion irréversible des mots, des phrases et des paragraphes. La temporalité des discours serait incapable d’exprimer l’éternité divine.29 Pourtant, contre la déferlante textuelle, la poésie de Bérulle dessine une ellipse où l’unité trouve un refuge contre les éclatements lexicaux et les dislocations syntaxiques. Nombreuses sont les figures de répétition qui poursuivent cette fin dans un constant retour au semblable : au niveau lexical, avec les réduplications, anadiploses, anaphores et épiphores, comme au niveau syntaxique avec les parallélismes. Toutes ces figures réfractent l’« unum Deum» proclamé par le credo et constituent un des procédés phares des ouvrages de Bérulle.A titre d’exemple, voici un extrait de L’Élévation sur sainte Madeleine qui évoque l’épisode de Marie-Madeleine au tombeau, le matin de Pâques:

Si [Jésus] est vie et vie divine dans ce sépulcre, il n’y est pas vie pour le sépulcre et il y est vie pour Madeleine ; il n’opère point d’action de vie au regard de ce sépulcre et il opère vie et vie haute au regard de la Madeleine et dans Madeleine.30

Bilan : sept « vie », trois « sépulcre » et « Madeleine », deux « opère » et « au regard » . Répéter revient ici à méditer savoureusement la Révélation, mais surtout à saisir, protéger et reconquérir l’unité spirituelle à travers l’enchaînement des anneaux lexicaux; la méditation expérimente une série de retours périodiques sur des éléments fixes, qui s’inscrivent dans une dynamique circulaire favorisant le renouvellement dans la continuité.

Parmi les anaphores bérulliennes, il faut mentionner la place éminente accordée à l’interjection lyrique « Ô » qui marque l’apogée de bien des apostrophes. Cette exclamation cordiale rappelle étonnamment la symbolique astronomique : sa graphie suggère la rondeur de la sphère terrestre ou solaire surmontée par la nuée transcendante de l’accent circonflexe. Bérulle utilise souvent ce cri extatique pour donner à admirer un état spirituel qui le comble d’émerveillement, tel ce passage de la souffrance à la résurrection : « O langueur ! ô rigueur ! ô vie ! ô amour ! ô mort vivante et vie mourante ! ».31 Nous sommes au cœur de la vocation spirituelle reconnue à la poésie, et il n’est pas surprenant de trouver, dans les textes spirituels, nombre de vers blancs, tels ces alexandrins insérés dans la prose bérullienne pour s’adresser au Christ: « Vous êtes un nouveau vivant en l’univers », 32 « le Fils unique de Dieu, le Sauveur du monde et le Dieu de son cœur dans la vie, dans la gloire ;  ô grandeur ! ô amour ! ô faveur nonpareille ».33 Le versus, ou retour,est intégré à la prosa oratio – le discours en droite ligne, dont la trajectoire devient peu à peu une boucle salutaire. Le salut de la terre intègre à présent l’orbite du soleil divin !

Pour dire la circulation spirituelle qui met en relation le Créateur et ses créatures, Bérulle affectionne tout particulièrement les chiasmes. Cette figure de construction dispose en sens inverse deux syntagmes ou deux propositions identiques et produit des effets de symétrie variés, parmi lesquels celui d’un rapprochement singulier de deux mots ou éléments grammaticaux. Dans une perspective spirituelle, il s’agit de voir Dieu face à face, anticipant la contemplation promise au Paradis.34 Ce va-et-vient de la terre au Ciel et du Ciel vers la terre trace une boucle dont le chiasme figure la géométrie. La majorité des occurrences présentes dans les œuvres de Bérulle placent l’humanité au centre du schéma et la divinité aux deux extrémités, structure dense et hautement signifiante. En effet, Dieu demeure toujours proche - à la même distance - de la créature, configuration que Bérulle qualifie en des termes mathématiques : « le cercle divin et la circonférence admirable de Dieu se communiquant dans soi-même et dans cette humanité sacrée ».35  Ainsi, pendant le banquet au cours duquel la pécheresse fait sa première apparition, le pharisien

[…] ne sait pas ce que Jésus est à Madeleine et ce que Madeleine est à Jésus ; il ne sait pas que Jésus lave Madeleine, comme Madeleine lave Jésus ; que Jésus répand ses odeurs sur Madeleine, comme Madeleine répand ses odeurs sur Jésus ; que Jésus honore Madeleine, comme Madeleine honore Jésus ; que Jésus aime Madeleine, comme Madeleine aime Jésus.36

Alpha et Oméga37 de toutes choses, Jésus enserre naturellement celle qui ne cesse de le chercher. Réciproquement, la centralité divine s’exprime par la structure inverse où transparaît la quête humaine immédiatement satisfaite par Dieu : « Voilà l’état et la fin du mystère de l’Incarnation, mystère si haut et si puissant qu’il touche de la terre au ciel et du ciel à la terre, et conjoint l’homme à Dieu et Dieu à l’homme ».38 Dieu représente le centre de gravité, le foyer vers lequel les hommes doivent converger et dont ils tirent la vie.

Le genre de l’élévation,39 cher à Bérulle, parachève la poétique circulaire. En effet, ses discours spirituels se déploient généralement en deux temps. Le premier est une méditation  sous forme d’exégèse et d’herméneutique, qui consiste à mieux comprendre un pan du mystère divin ; le second laisse de côté la réflexion et les analyses, pour contempler Celui que les raisonnements approchent quelque peu, mais sont incapables de représenter clairement. Le méditant s’élève autant que sa foi le lui permet, puis tourne autour du Dieu pour l’adorer parfaitement. L’élévation mime ce mélange d’ascension et de circularité, dont l’horizon est l’union consacrant la déification de l’homme, qui aspire à vivre pleinement en communion avec Dieu : la littérature spirituelle prend l’aspect d’une mystique hélicoïdale. Quels que soient l’ordre des termes et leur nature, le chiasme bérullien, comme les multiples figures de répétition, apparaît donc comme le cycle littéraire de la rencontre mystique et de la révolution du cœur,  quand Dieu se donne à l’homme qui cherche à se donner à Lui. La « révolution christocentrique » part certes du constat biblique  de la vanité des jours soumis au cycle du soleil (Ecclésiaste 1, 5). Cependant, elle opère une lecture symbolique des considérations astronomiques, pour admirer la trajectoire circulaire des astres et dessiner une carte céleste qui place au premier plan la spirale spirituelle. Ce faisant, en ces années 1620, le religieux Pierre de Bérulle confirme d’une manière tout à fait originale et pour le moins paradoxale les thèses cosmologiques de Copernic et de Galilée !

 


Frédéric Miquel est Agrégé de Lettres, enseignant formateur pour l'Académie de Montpellier (en particulier, stages consacrés à l’insertion des références religieuses dans la littérature). Il poursuit (en troisième année) un Doctorat de Littérature Française à l'université Paul Valéry - Montpellier III. Son sujet concerne les caractéristiques littéraires et linguistiques du texte dit « inspiré », chez les écrivains mystiques du XVIIe siècle, en particulier Pierre de Bérulle.Son Institut de recherche est l’IRCL (Institut d’étude de la Renaissance, du Classicisme et des Lumières) affilié au CNRS.


 

Notes:

1 Voir de Jean-Pierre Torrell, La Théologie catholique, Paris, P.U.F., « Que sais-je ? », 1994.

2 Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, Bloud et Gay, tome III, « La conquête mystique », 1915-1933.

3 Cet ouvrage valut à Bérulle d’être appelé « l’apôtre des mystères du Verbe incarné » par le pape Urbain VIII.

4 Nous utiliserons les éditions suivantes : Discours de l’état et des grandeurs de Jésus, in Œuvres complètes, tome 7, édition critique sous la direction de Michel Dupuy, Paris, Oratoire de France - Les Editions du Cerf, 1996; Élévation à Jésus-Christ Notre Seigneur sur la conduite de son esprit et de sa grâce vers sainte Madeleine, réédition avec introduction par Joseph Beaude, Paris, Les éditions du Cerf, collection Foi Vivante, 1989; La Vie de Jésus, in Œuvres complètes, tome 8, édition critique sous la direction de Michel Dupuy, Paris, Oratoire de France - Les Editions du Cerf, 1996.

5 Les principales sources scripturaires du géocentrisme sont : "Toi, Seigneur, tu as fondé la terre dès le commencement"  (Hb 1, 10) ; le soleil, la lune, et les étoiles ont été créées après "la ferme fondation de la terre". (Gn 1, 9-18) ; "Il a fondé la terre sur ses bases, tellement qu'elle ne sera point ébranlée à perpétuité" (Ps 104, 5).Voir aussi  Jos 10, 12.

6 Cette herméneutique s’inscrit dans la lignée de la théologie médiévale des quatre sens de l’Ecriture. Cf. Henri de Lubac, Exégèse médiévale, Les quatre sens de l’Ecriture, Paris, Aubier, 1959-1964.

7 Blaise Pascal, Pensées, texte établi, annoté et présenté par Philippe Sellier, « Classiques Garnier », 1991, fragment 230.

8 Vie de Jésus, op. cit., p. 299. L’image est ensuite longuement développée : Marie tourne autour de l’enfant-soleil qu’elle porte en elle.

9 Discours…, op. cit., p. 291 .

10 Ibid., p. 84.

11 Discours…, op.cit., p.194. Sur la symbolique chrétienne des formes géométriques, voir Roland Maisonneuve, L’œil visionnaire (L’univers symbolique des voyants chrétiens), Paris, Présence, 1992.

12 Discours…,  op. cit., p. 235. On trouve aussi cette formule dans les œuvres de Suso et Pascal.

13 Ibid., p. 194.

14 Saint Augustin, De uera religione, PL 34, 18.

15 Lc 15, 11-32.

16 Vie de Jésus, op.cit., p. 299.

17 Cf. Anne Ferrari, Figures de la contemplation. La « rhétorique divine » de Pierre de Bérulle, Paris, Cerf, 1997.

18 Élévation sur sainte Madeleineop. cit., pp. 38, 44, 53, 88, 111.

19 Ibid.,  pp. 58, 78 et 112.

20 Voir de Jean Chevallier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Laffont, col. « Bouquins », 1982, pp. 891-896.

21 Élévation…, op.cit., p. 142. Au Moyen-Age, des calendriers astrologiques furent inventés, dans lesquels le nombre douze renvoyait à la Bible et le signe de la Vierge à Marie.

22 Discours…, op.cit., p.85.

23  Cf. Jean Chevallier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, op. cit., pp.747-748.

24 Élévation…, op. cit., p. 104.

25 Ibid.,  p. 129.

26 Marie-Madeleine Davy, Initiation à la symbolique romane, Paris, 1964, p. 220 ; voir aussi Northrop Frye, Le Grand Code. La Bible et la littérature, Paris, éditions du Seuil, collection « Poétique », traduit par Catherine Malamoud, 1984, p.227.

27 Discours…, op. cit., pp. 373 et 462.

28 Sur les enjeux et les modalités de la rhétorique sacrée à l’époque de Bérulle, voir Marc Fumaroli, L’Âge de l’éloquence, Paris, Albin Michel, 1994 (première édition : Droz, 1980).

29 Ainsi  saint Augustin se plaint-il de cette succession, dans le chapitre X des Confessions.

30 Élévation…, op. cit., p. 66.

31 Ibid., p. 98.

32 Ibid., p. 45.

33 Ibid., p. 89.

34 Le chiasme explicite un mode de vision supérieur à celui que Paul décrit comme « en miroir et en énigme » (1Corinthiens, XIII, 12).

35 Discours…op. cit., p. 258.

36 Élévation…, op. cit., p. 56.

37 Apocalypse 1, 8 ; 21, 6 et 20, 13.

38 Discours…, op. cit., p. 266.

39 Voir Christian Belin, « Le ‘discours en forme d’élévation’ selon Bérulle », in  Littératures classiques, n° 39,  printemps 2000, Champion, pp. 253-264.

Bibliographie

Belin (Christian), « Le ‘discours en forme d’élévation’ selon Bérulle », in  Littératures classiques, n° 39,  Champion, printemps 2000.

Bérulle (Pierre de), Discours de l’état et des grandeurs de Jésus, in Œuvres complètes, tome 7, édition critique sous la direction de Michel Dupuy, Paris, Oratoire de France - Les Editions du Cerf, 1996.

Bérulle (Pierre de), Élévation à Jésus-Christ Notre Seigneur sur la conduite de son esprit et de sa grâce vers sainte Madeleine, réédition avec introduction par Joseph Beaude, Paris, Les éditions du Cerf, collection Foi Vivante, 1989.

Bérulle (Pierre de), La Vie de Jésus, in Œuvres complètes, tome 8, édition critique sous la direction de Michel Dupuy, Paris, Oratoire de France - Les Editions du Cerf, 1996.

Brémond (Henri), Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, Bloud et Gay, tome III, « La conquête mystique », 1915-1933.

Chevallier (Jean) et Gheerbrant (Alain), Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Laffont, col. « Bouquins », 1982.

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Ferrari (Anne), Figures de la contemplation. La « rhétorique divine » de Pierre de Bérulle, Paris, Cerf, 1997.

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