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Return to Equinoxes, Issue 5 : Printemps/Eté 2005
Article ©2005, Claudia Esposito, Clint Michael Bruce

Editorial

Paris. Tokyo. Rome. Prague. Barcelone. Alger. Tunis. Abidjan. Montréal. Québec. Moncton. Chacune de ces villes, évoquées au cours de notre colloque, donne un éclairage particulier à la notion même de «capitale ». Ainsi notre revue s'est-elle proposée d'aborder la problématique de la capitale en l'attaquant sur plusieurs fronts, car chaque « centre » entretient avec sa « périphérie » des relations qui lui sont propres, et chaque «grande ville » se définit par son propre imaginaire. Les visages multiples des capitales permettent donc de cerner la spécificité d'une ville dotée de ce statut. L'édition 2005 du colloque Équinoxes a réuni des chercheur(e)s de divers horizons dont les travaux ont posé les termes d'une discussion fort stimulante et dont le présent numéro d' Équinoxes se veut le prolongement et l'élargissement. C'est aussi avec un très grand plaisir que nous vous faisons part de la publication inédite d'un entretien entre Meadow Dibble-Dieng, Clint Bruce et Pascale Casanova, l'un des chercheurs les plus stimulants du moment quant à la question des capitales littéraires mondiales.

Peut-on en arriver à une définition simple de la ville capitale ? On peut certes tenter la chose, et c'est à ce titre que Sharon Larson, une des responsables du colloque, a tenu dans son mot de bienvenue à rappeler la dynamique inéluctable reflété dans notre vocabulaire même : « D'où vient la notion de la capitale, au juste ?  Étymologiquement, la capitale, vient du mot latin « caput », qui signifie « la tête ». Au niveau métonymique, c'est le peuple, l'insigne national. La ville capitale, ou bien son image, est porteuse d'une autorité culturelle et politique » et véhicule une identité sociale chargée. Mais on a vu au cours de notre colloque combien il serait impossible et même peu souhaitable de nous limiter à ces définitions fort importantes mais, somme toute, plutôt génériques. Une métropole ne symbolise pas forcément un lieu de pouvoir, elle en est simplement l'image. Car « la Ville devient le thème dominant des légendaires politiques, mais ce n'est plus un champ d'opérations programmées et contrôlées. Sous les discours qui l'idéologisent, prolifèrent les ruses et les combinaisons de pouvoirs sans identité lisible, sans prises saisissables, sans transparence rationnelle—impossibles à gérer. » 1Les collaborateurs de ce numéro ont fait face à une lourde tâche en faisant apparaître l'illisible, l'insaisissable et l'opacité de la ville à travers le texte littéraire, qui de par son champ illimité de possibilités, véhicule des représentations de la Ville capitale enrichissantes et imprévisibles.

En effet, c'est le lien surprenant entre Paris et Tokyo, la fécondité de Moncton, le dynamisme d'Abidjan (entre autres) qui fait que toutes ces villes, qu'elles soient écrites en français « de France » ou en français « d'ailleurs », nous mènent à une refléxion à la fois singulière et universelle. Nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui ont participé à ce numéro d' Equinoxes sans qui ces villes seraient, d'une certaine façon, dépeuplées, car comme le dit si bien Michel de Certeau, c'est la traversée humaine, la greffe de l'individu qui complète et définit une ville. Nous vous invitons donc à flâner dans les rues de nos métropoles...

Le 27 mai 2005, Claudia Esposito et Clint Michael Bruce

1 De Certeau, Michel. L'invention du quotidian. 1. Arts de faire. Paris: Gallimard, 1990. p.144

 

 

1Atwood, Margaret. Negotiating with the Dead: A Writer on Writing. Cambridge: Cambridge University Press, 2002.