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Return to Equinoxes, Issue 7:Printemps/Ete 2006
Article ©2006, Geneviève De Viveiros

Geneviève De Viveiros, Université de Toronto

Du roman-feuilleton au « roman-feuilletÉ »

Alexandre Dumas ou le triomphe du fast-food littéraire

 

Période d’urbanisation et d’industrialisation ainsi que de profonds changements sociaux, le XIX e siècle est marqué par l’apparition de nouvelles technologies et de produits culturels. Grands magasins, électricité, vélo, chemins de fer, la société vit au rythme de la modernité. Dans cette période que Félix Vallotton baptisera « l’âge du papier» (Kalifa, 5), les Français se montrent aussi de grands consommateurs de romans. En effet, le genre romanesque connaît alors une vogue sans précédent. Selon Martyn Lyons, ils constituent, déjà en 1860, près de 60% des livres figurant aux catalogues des bibliothèques parisiennes (190). Si le roman gagne l’estime des lecteurs au cours du XIX e siècle, il doit en partie son succès à l’avènement du feuilleton. C’est au fondateur de La Presse, Émile de Girardin, que l’on doit en 1836 l’initiative d’insérer, à des fins de réclames, des « tranches » de romans dans les journaux afin d’attirer de nouveaux abonnés. Dès lors, envahissant le « rez-de-chaussée » de la presse écrite, jusque-là encore réservés à la chronique théâtrale et musicale, le feuilleton connaît immédiatement une immense popularité. Pierre Orecchioni a estimé que pour le cas seul du Juif errant, Eugène Sue aurait attiré un public de 30 000 lecteurs1(163). Parmi les grands maîtres du feuilleton, Alexandre Dumas père (1802-1870) est l’un des favoris du public. « Aucune popularité, en ce siècle, n’a dépassé celle d’Alexandre Dumas; ces succès sont mieux que des succès, ce sont des triomphes; ils ont l’éclat de la fanfare2 » dira Victor Hugo à la mort du romancier. Lorsqu’il commence à publier à la Revue des deux mondes en 1831 des « Scènes historiques » qui lui serviront plus tard de canevas aux volumes des Chroniques de France : Isabel de Bavières, Alexandre Dumas est surtout connu comme auteur dramatique. En 1829, son drame Henri III et sa cour avait obtenu un énorme succès à la Comédie-Française et lui avait permis de se faire un nom dans le domaine de la littérature. Aussi, ce n’est véritablement qu’en 1836 qu’il se fera connaître des lecteurs de journaux en tant que romancier. Son premier roman-feuilleton, Le Capitaine Paul, paraît alors dans Le Siècle du 30 mai au 23 juin et rapporte 5 000 nouveaux abonnements au journal alors dirigé par Armand Dutacq (Bassan, 190). Encouragé par le succès instantané du Capitaine Paul, Dumas se dédiera dès lors presque entièrement à l’écriture de romans pour la presse. Entre 1836 et 1870 il publiera notamment au Siècle, au Journal des débats, au Journal des enfants, à la Revue de Paris et à la Revue pittoresque plus d’une centaine d’œuvres dont les plus célèbres sont La Reine Margot (1844), Les Trois Mousquetaires (1844) et Le Comte de Monte-Cristo (1845). Précisons qu’en plus d’une importante production romanesque et théâtrale, Alexandre Dumas sera aussi l’auteur de plusieurs réflexions sur la gastronomie. Il projette d’ailleurs d’écrire dès 18693 un dictionnaire de cuisine.

Bien qu’admiré et adulé par ses nombreux lecteurs, Dumas, sera souvent accusé par les détracteurs du genre romanesque et du feuilleton de mener une entreprise commerciale plutôt que littéraire. Entre 1838 et 1860, au même moment où la majorité de ses feuilletons sont publiés, paraissent dans la presse française de nombreux articles et des caricatures qui dévalorisent le travail du célèbre romancier. Or, ces articles ont presque tous comme point commun de critiquer l’écrivain en faisant allusion à l’univers de la gastronomie. Cette comparaison entre « cuisine » et « littérature » est si populaire qu’elle devient alors comme l’a souligné Michelle S. Cheyne, « un lieu commun » de la critique anti-dumasienne. S’il est connu de tous, cet aspect particulier de la réception de Dumas père au XIX e siècle, bien qu’il ait intéressé quelques commentateurs4, n’a pourtant pas fait l’objet d’une étude systématique. En explorant divers revues et journaux de l’époque, nous chercherons donc à mettre en lumière quelques articles où la métaphore culinaire est utilisée pour désigner Dumas, ses œuvres et ses lecteurs5. Par-là même, nous verrons de quelles manières l’auteur de Monte-Cristo s’impose au public du XIX e siècle comme le représentant par excellence d’une littérature de masse, voire comme le roi d’un fast-food non pas alimentaire mais littéraire.

 

Le feuilleton : roman ou aliment?

 Baptisé par Sainte-Beuve de « littérature industrielle» (RDM,1839), souvent accusé d’affaiblir « l’esprit littéraire en France» (RDM,1846) le feuilleton ne sera pas perçu d’un bon œil par les tenants du bon goût littéraire au XIX e siècle. Cette méfiance à l’égard du feuilleton est en partie explicable à l’influence majeure que le genre exercera dès sa naissance dans la progressive démocratisation que connaîtra l’écrit au XIX e siècle. Littérature de grande diffusion, accessible sous plusieurs formes et dans plusieurs lieux (journal, cabinets de lecture, bibliothèques, librairies) le feuilleton instaurera de nouveaux modes de réception et bouleversera les rapports entre écrivains et lecteurs, lecteurs et livres. Son invasion dans les foyers crée une véritable révolution dans les pratiques de lecture mais aussi dans les habitudes de vie des Français du XIX e siècle. Comme l’explique un critique de La Presse, la lecture du feuilleton aurait entraîné alors d’importantes conséquences dans la vie des parisiens:

« Sous le coup d’une péripétie foudroyante, la population de Paris suspendait ses angoisses à ce mot cabalistiqué : Au prochain numéro. Entre la feuille du jour et l’apparition de celle du lendemain, des partis s’établissaient sur le dénouement de la crise suspendue par l’écrivain. La curiosité publique […] en perdait le boire, le manger et le dormir» (1874).

Le vif intérêt porté au feuilleton est tel qu’il régit le quotidien des citoyens et va même jusqu’à menacer leur santé corporelle et leur bien-être physiologique. Pour Sophie Gay la passion des romans excuse les pratiques jugées souvent douteuses, voire non-hygiéniques adoptées dans les cabinets de lecture :

«  Comment baiser sans dégoût la main d’une jolie femme qui vient de tourner les feuillets gras et flétris d’un livre de M. de Balzac ou de M. Eugène Sue. Je comprends que le plaisir de lire Eugénie Grandet ou la Salamandre, ait fait passer l’élégante lectrice par-dessus l’inconvénient d’un contact si indigne de ses jolis doigts; mais il faut tout l’intérêt que les œuvres de ces messieurs inspirent, pour faire pardonner une telle profanation » (XIII).

Ces témoignages montrent bien que c’est dans un rapport de familiarité que se fondent les liens entre lecteur et feuilleton. La lecture du journal et des romans qui y sont publiés est de l’ordre de l’intime, du privé. Pour ce qui est de Dumas, les témoignages rendant compte de la popularité de ses œuvres ne laissent pas de doutes sur l’importante place que prend dans la réalité, sa fiction :

«  Maintenant, on ne lit guère autre chose que les feuilletons d’Alexandre Dumas; leurs longs développements, leurs suites et les suites des suites arrivent à se graver dans les mémoires populaires comme des faits contemporains; les aventures des nombreux personnages qu’ils renferment : on les retrouve si longtemps le matin à son réveil qu’il finisse par devenir des compagnons familiers de la vie de chacun. Les plus pressés, avant de courir à leurs affaires, causent une demi-heure avec d’Artagnan, Monte-Cristo ou Balsamo, selon le journal auquel ils sont abonnés», (La Presse, 1848).

À ce sujet, Hippolyte de Villemessant raconte dans ses mémoires à quel point la lecture des feuilletons de Dumas lui était nécessaire à son rituel du coucher :

« […] J’avais l’habitude de lire mon feuilleton le soir dans mon lit; et, s’il m’avait manqué une seule fois, je me serais levé au milieu de la nuit pour me le procurer à tout prix» (234).

En fait, si les romans de Dumas se substituent à de simples exercices quotidiens relevant de la vie privée, voire de l’hygiène personnelle, tel que « boire », « manger » et « dormir » c’est qu’ils sont perçus en eux-mêmes comme essentiels à la vie. Nombreux alors sont les articles dans L’Illustration, Le Charivari et La Revue des deux mondes qui associent l’œuvre du romancier à des mets culinaires. « Ragoûts épicés », « denrée », « paté d’anguilles », les romans de Dumas ne sont considérés ni plus ni moins que comme des « plats » préparés pour être consommés par des lecteurs qui ne peuvent résister à leur « manne quotidienne » d’émotions et d’aventures. C’est d’ailleurs sur la « table » de la cuisine côte à côte avec le petit-déjeuner que le feuilleton trouve, aux dires des critiques, sa place dans les foyers6. Enfin, dans La Presse lors du procès intenté par Girardin à Dumas en 1847, c’est sous l’appellation « d’aliments » que l’on identifie carrément l’œuvre du romancier :

« […] MM. Véron et de Giradin prétendent […] que s’ils ont loyalement rempli les obligations du contrat, il n’en pas de même [pour] […] M. Dumas; ils lui reprochent deux griefs : le premier consistant dans le fait de ses annonces qu’on vous a signalées et qui auraient été faites dans la plupart de ces journaux […]— Le second grief consisterait à avoir fourni des alimens7 [sic] à des concurrences rivales, en même temps qu’il refusait de produire pour La Presse et pour le Constitutionnel » (1847).

Cette équivalence entre littérature et alimentation ne se fait pas seulement en parlant du roman, mais également dans le domaine du théâtre. À la première du drame de Dumas tiré de La Reine Margot, Théophile Gautier qui se plaint amèrement de la longueur interminable de la pièce (la pièce s’était en effet terminée aux petites heures du matin) est ravi, par contre, de constater que le public assistant à la représentation n’avait pas quitté la salle malgré la faim qui le tenaillait : « Oui, Alexandre Dumas a opéré ce prodige de retenir sur les banquettes, tout un public à jeun, pendant neuf heures de suite ». L’intérêt que prodiguait l’épilogue de la pièce aurait d’ailleurs empêché, toujours selon Gautier, les spectateurs un peu « potelés », affamés et inquiets de devoir se passer de nourriture pendant de si longues heures, de commettre un « crime d’anthropophagie» (1847). Ainsi, une fois de plus ici, la « littérature » se substitue à la « nourriture ». Quelques années plus tard en 1858, poussant l’ironie à son comble, le critique Jouvin ira même jusqu’à élaborer dans un article paru dans Le Figaro un menu gourmand à l’image de l’oeuvre du romancier :

« Potages : Collaborateurs à la julienne et au macaroni.

Entrées et relevés de potage : Abattis de Schiller, sauce Henri III; Christine à la mode de Shakespeare;--Charles VII à la purée de Racine.

Hors-d’œuvre froids : Impressions de voyage et coquillages Buloz.

Hors-d’œuvre chauds : Capitolade de Marion Delorme sautée à l’Antony;--Richard d’Arlington à l’écarlate;--Tour de Nesle au vin de Bourgogne;--Teresa et Angèle au miroton;--Mémoires d’Alexandre Dumas en papillotes.

Rôtis : Monte-Cristo doré :--brochettes de mousquetaires.

Entremets : Mohicans en buisson d’écrevisses;--Romans feuilletés;--Charlotte de Comédies aux confitures.

Fromages glacés : L’Orestie ;--le Verrou de la reine;--les Compagnons de Jéhu.

Dessert : Fruits secs;--Causeries fouettées ».

Comparée à des aliments, l’œuvre littéraire se transforme ici littéralement en produit. Reprenant le modèle des recettes élaborées par Dumas, le journaliste du Figaro utilise un lexique relevant de la gastronomie pour définir les œuvres du romancier. Le menu établi par Jouvin constitue une échelle de valeurs sur laquelle on peut lire une appréciation individuelle des titres mentionnés. Les pièces de théâtre de Dumas, par exemple, sont réduites en « potage » ou servies en « confiture », autrement dit elles n’ont, aux yeux du critique, aucune consistance. Adoucies, édulcorées, elles apparaissent comme de maigres compositions à côté des œuvres des grands poètes comme Racine ou Shakespeare. Les mots ont double sens : le « rôti » Monte-Cristo est « doré » parce que l’œuvre qui porte le même titre a rapporté gros à Dumas et parce que l’argent, « l’or », occupe une place importante dans l’intrigue; le roman feuilleton devient roman « feuilleté », à la fois parce qu’il est publié par « tranches », en « feuille » dans le journal et parce qu’il est lu par un très grand nombre de lecteurs. Ce n’est pas un hasard non plus si les « collaborateurs » sont travestis en « macaroni » : il est connu de tous alors que Dumas n’aime pas ce genre de pâte importé d’Italie et qu’il éprouve parfois des difficultés à s’entendre avec ses associés. La métaphore culinaire est autoréférentielle : elle renvoie à l’actualité de l’œuvre dumasienne au XIX e siècle.

L’usage d’un lexique spécialisé appartenant à la gastronomie a pour fonction également de critiquer les méthodes de composition de Dumas père. Rappelons que l’écriture du feuilleton relève aussi, comme dans le cas de l’art culinaire, d’une technique précise. Si les romans de Dumas sont assimilés à des produits de consommation plutôt qu’à de la littérature, c’est surtout parce qu’ils sont exécutés suivant les lois du marché, de l’offre et de la demande, caractéristique allant à l’encontre de la littérature conçue comme objet d’art. Comme l’indique bien Lise Dumasy, la littérature feuilletonesque est sévèrement critiquée alors pour son « industrialisme » parce qu’elle subit, selon les contemporains du romancier, «  l’emprise de l’idéologie capitaliste productiviste : il faut produire vite, beaucoup, à bas prix, et peu importe que le produit subisse une baisse de qualité» (12). En publiant, parfois jusqu’à cinq ou six feuilletons simultanément dans plusieurs journaux à la fois, Dumas devient naturellement la cible de prédilection des critiques. La prolixité et la vitesse de création de l’auteur, si elles impressionnent certains, en déçoivent beaucoup. Ainsi, pour le commentateur de la Revue critique des livres nouveaux, Alexandre Dumas ne sera jamais un bon écrivain parce qu’ « il manque toujours, [dans] toutes ses œuvres, de ce fini, de cet ensemble, de cette perfection que l’étude et le travail seuls peuvent donner» (1839). Un lexique relevant de l’alimentaire, voire de la biologie, est également privilégié dans la presse pour juger les pratiques d’écriture du romancier. Pour certains, la création littéraire chez Dumas serait elle-même associée au processus de la digestion humaine :

« Doué d’une mémoire persécutrice, il [Dumas] doit s’en servir comme d’un ami quand il lit, et s’en défier comme d’un ennemi quand il écrit. L’âme, pas plus que le corps, ne se nourrit d’elle-même. Imitation, assimilation, deux lois qui président aux fonctions de l’estomac et du cerveau. Mais prenez garde que l’un doit, comme l’autre, détruire, digérer, transformer les aliments qu’il emploie » (RDM, 1834).

Si les emprunts faits par Dumas à d’autres irritent certains, le recours à l’aide de nombreux écrivains pour produire ses feuilletons et ses pièces de théâtre reste, selon ses contemporains, son plus grand crime. La collaboration entraîne aux yeux des critiques une grande perte de valeur puisqu’elle tend à l’anonymat et par là-même nie le statut d’originalité attribué généralement à l’œuvre d’art. On connaît à ce sujet les attaques professées par Eugène de Mirecourt à l’endroit de Dumas, accusant le romancier dans un pamphlet en 1845 de diriger une compagnie littéraire, une « fabrique de romans8 ». Dans la presse parisienne, c’est au monde de la gastronomie que l’œuvre de Dumas est comparée. Ainsi, le recours à la collaboration sert de prétexte pour critiquer le romancier qui se voit accusé de concocter, au lieu d’œuvres d’art, des produits consommables, voire « mangeables » :

« Mais il faut aller vite, il faut improviser

Le mode expéditif, c’est où l’on doit viser

[…] Pêle-mêle sans nom! Tripotage hideux!

Conçoit-on ces produits manipulés à deux,

À trois, à quatre, à cinq, ces plats faits à la hâte,

Ces gâteaux dont chacun a repétri la pâte? » (RDM, 1844)

Certains poussent la comparaison jusqu’à faire de la « fabrique » à romans un véritable « restaurant » :

«Il [Dumas] avait des marmitons pour éplucher ses herbes, des correspondants chargés de le fournir de primeurs, de pourvoyeurs qui se rendaient pour lui au marché tous les matins. M. Fiorentino faisait lever en Italie le gibier exotique, tandis que M. Paul Meurice plumait une demi-douzaine de mauviettes à la maison, et que M. Maquet, son braconnier ordinaire, courait s’embusquer dans les parcs royaux de l’histoire. Le soir venu, les chasseurs vidaient leurs gibecières, et M. Alexandre Dumas, passant, en guise de broche, la grande rapière de d’Artagnan au travers des chevreuils, des faisans et des poulardes, faisant cuire cinq ou six rôtis à la fois. Ces rôtis étaient servis sur la table des Débats, de la Presse, du Siècle, du Constitutionnel et de la Démocratie pacifique» (Le Figaro, 1858).

Description qui rappelle cent ans avant son invention, la méthode de préparation des repas « à la chaîne » popularisée par les frères McDonald et encore en vigueur de nos jours dans le domaine de la restauration rapide où chaque employé est responsable d’effectuer une tâche particulière9. Travestis en sous-chefs, les collaborateurs les plus connus de Dumas sont ici ridiculisés d’entretenir une relation de dépendance avec le célèbre romancier qui détient, en vérité, tout le pouvoir. C’est lui qui « embroche », bref, qui corrige, repasse sur les écrits de ses collaborateurs. Contraint, par la demande accrue du roman et les exigences de publications quotidiennes du journal, d’exécuter rapidement son travail, l’écrivain est assimilé à un ouvrier et son œuvre à un produit de consommation. Avant même la naissance du roi du hamburger, Dumas est déjà en 1840 le roi du fast-food littéraire : il produit vite et en collaboration des œuvres faites pour être consommées rapidement.

 

Nouveaux lecteurs, nouveaux consommateurs

Si comme le prétend alors à la même époque Brillat-Savarin « la destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent » (IX), alors que penser d’une nation qui se nourrit de romans-feuilletons? Comme la littérature qu’il adore, le lecteur de feuilletons n’est pas épargné par les détracteurs de ce genre « industriel ». Alors que l’image du lecteur « dévoreur de romans » relève aujourd’hui du truisme elle est, en revanche, en 1840 encore une image nouvelle abondamment utilisée pour désigner celui qui se passionne pour la lecture. Le lecteur de feuilleton est souvent représenté au sein de la presse parisienne d’alors comme un grand gourmand, doté d’un immense appétit : « les lecteurs, remarque Paulin Limayrac, deviennent de plus en plus avides et insatiables» (RDM, 1845). Aux dires des critiques, c’est « la bouche ouverte » qu’ils attendent le feuilleton qu’ils considèrent comme  « leur pitance littéraire de chaque jour ».  La comparaison vaut aussi pour les lecteurs de l’auteur des Trois mousquetaires qui selon les critiques de L’Illustration, « mangent » (1847) de toutes les denrées que Dumas leur sert.

Or, il n’est pas rare non plus de voir à l’époque, le lecteur de Dumas représenté en la figure de la cuisinière. Ainsi comme l’explique en 1848 un commentateur de L’Illustration en parlant des romans de Sue et de Dumas : « Tandis qu’autrefois la cuisinière ne lisait que les vieux romans de madame, aujourd’hui c’est souvent madame qui repasse sur les traces de sa cuisinière ». Il est intéressant à cet égard de constater que c’est à la « cuisinière » et donc à l’univers de l’alimentation, et non à la « lingère » par exemple que l’on associe la lecture de ce type de littérature. Cette analogie fait bien entendu référence à l’élargissement du public qui s’opère alors grâce aux progrès de l’alphabétisation joint à la mise en marché à bas prix du feuilleton qui donnent à tous, même au moins nantis, la capacité de lire et d’écrire. Comme l’atteste Louis Desnoyers, avec le feuilleton et par extension les œuvres de Dumas, s’opère une démocratisation de la lecture :

« Tous les Français sont égaux devant la littérature comme devant la loi. Vous trouverez partout, dans les mains du banquier comme dans celles de l’artisan, sous les yeux de l’érudit comme sous ceux du vulgaire, les mêmes histoires et les mêmes romans : Lamartine et Dumas, Thiers et Eugène Sue, Louis Blanc et George Sand» (Le Siècle, 1847).

Du reste, si la cuisinière est utilisée pour désigner le public du feuilleton, c’est qu’il est, comme la classe et le sexe qu’elle représente, souvent jugé sans éducation, candide et naïf. À en croire Amédée Pommier, le public serait d’ailleurs le principal responsable du développement de la littérature industrielle :

« Ce serait au public à leur [les feuilletonnistes] couper les vivres

Or, le public français, que leur plume abêtit,

Dévore goulument, et de grand appétit

De vieux mets rhabillés qu’on lui sert à la chaude,

Et ne s’aperçoit point qu’on le pipe et le fraude

Le public se compose en grande part d’oisons

Capables de happer les plus vilains poisons» (RDM, 1844)

La crédulité du lecteur le fait ressembler à un « oison », un enfant, c’est-à-dire à un être aux capacités et au savoir limités, un être ingénu, irresponsable, qui ne pense qu’à satisfaire ses envies et au plaisir. En se servant de la littérature pour combler son besoin d’être diverti, l’enfant-lecteur commet ainsi un acte répréhensible : il réduit la littérature au statut de marchandise. Enfin, c’est directement en termes de « clients » que Le Charivari présente les lecteurs de Dumas en 1848 : « [C]e mot doit rester comme l’expression la plus juste de la position littéraire de M. Dumas. […] Ses publications nouvelles ne sont point un événement dans le monde des idées; non, chacun de ses livres n’est qu’une affaire entre lui et ses lecteurs; c’est une nouvelle offre de service à la clientèle». Mené par son appétit vorace plutôt que par son intelligence, le lecteur «jobard»10  serait tout aussi condamnable que le feuilleton lui-même. En se servant du livre tel un morceau de pain, plutôt que comme un objet d’étude, le lecteur de Dumas se définit comme un consommateur.

 

Dumas cuisinier

 On l’a dit : Alexandre Dumas au-delà de s’intéresser à la littérature, se passionne pour la cuisine. Le romancier en plus de manier la plume savait aussi se servir admirablement des casseroles. Festins et banquets étaient au rendez-vous des réceptions organisées au Château de Monte Cristo. Tous les mercredis les Dumas accueillent littérateurs, acteurs, chanteurs et peintres à leur table11. Souvent, c’est le romancier lui-même qui se charge de la préparation des repas. Dumas rassemblera d’ailleurs ses expériences culinaires dans des articles qui seront regroupés dans Le Grand dictionnaire de cuisine. Enfin, tout nous porte à croire que Dumas père était un habile cordon bleu. Nombreuses sont les anecdotes qui traitent de l’expertise du romancier en matière d’art culinaire: « C’est le père Dumas qui a fait tout le dîner depuis la soupe jusqu’à la salade! Huit ou dix plats merveilleux, on s’est léché les doigts », écrit Georges Sand à Flaubert en 1866. Entre 1840 et 1872, en littérature comme en cuisine, Dumas excelle à satisfaire les appétits de ses admirateurs, un talent qui lui vaut une grande renommée. Il n’est pas étonnant alors que, dans l’esprit de ses amis comme des critiques de l’époque, Dumas devienne le symbole par excellence de la consommation tant gourmande que littéraire. L’image qu’on donne du grand écrivain dans la presse de l’époque traduit d’ailleurs cette idée. Jouvin dans l’article du Figaro mentionné ultérieurement est un de ceux qui, volontairement, ne font pas la différence entre la passion de Dumas pour la cuisine et sa carrière de romancier. Passant en revue la production littéraire du XIX e siècle, l’article qu’il publie en 1858 esquisse un portrait des plus importants romanciers de l’époque. George Sand, Paul de Kock, Jules Sandeau, Edmond About, et bien entendu, Alexandre Dumas père, figurent au sein du palmarès élaboré par Jouvin. Seulement, de tous les écrivains mentionnés, l’auteur de Monte-Cristo est le seul à être associé à l’univers de la gastronomie. « Romancier » et « cuisinier » deviennent synonymes. De fait, si Jouvin reconnaît en George Sand « le garçon » de Jean-Jacques Rousseau, il compte en revanche parmi les prédécesseurs de Dumas, de célèbres gastronomes et de fins cuisiniers: Brillat-Savarin, Antoine Carême, Vatel et le « maître Jacques ». Du reste, le portrait physique que l’on fait du grand écrivain ne s’apparente en rien à l’image romantique de l’écrivain « poète mage » ou « prophète ». Dumas est décrit non pas armé d’une plume et d’un encrier mais vêtu d’un « bonnet de coton » et d’une « veste de bazin blanc », uniforme bien reconnu du chef de cuisine. Il est de plus représenté brandissant une « addition » à ses admirateurs. Dumas est donc, sous la plume de Jouvin, davantage apparenté à un restaurateur soucieux de ses profits qu’à un écrivain sérieux.

Même après la mort de Dumas, l’image du « cuisinier » continuera de servir de référence pour parler du romancier. Ainsi, en 1873 c’est toujours sous le signe de la gastronomie que Prosper Vialon se remémore sa rencontre avec Alexandre Dumas : « Devant le fourneau, noble comme Athos, spirituellement fin comme d’Artagnan, carré comme Porthos, ils nous rédigea une omelette aux écrevisses contre laquelle Aramis eût joué son évêché» (1873). Pour Vialon lorsqu’il s’agit du père Dumas, l’expérience culinaire reste indissociable de l’expérience romanesque. La fiction fait partie intégrante de la réalité. Écrire c’est littéralement nourrir.

Or, l’auteur des Trois mousquetaires a pleinement conscience du rôle qu’il joue alors au sein du champ littéraire. Il sait que la production de feuilletons ou d’adaptations théâtrales répond à des impératifs économiques. Il n’est pas surprenant donc, lorsqu’il se présente comme candidat aux élections un an plus tard, qu’il choisisse dans un pamphlet publicitaire d’énumérer ses accomplissements professionnels en prenant bien soin surtout de préciser leurs retombées économiques :

« Je me porte candidat à la députation; je demande vos voix. Voici mes titres : sans compter six ans d’éducation, quatre ans de notariat et sept années de bureaucratie, j’ai travaillé vingt ans, à dix heures par jour, soit 73 000 heures. Pendant ces vingt ans, j’ai composé 400 volumes et 35 drames. Les 400 volumes, tirés à 4 000 et vendus 5 francs ont produit 11 853 000 francs […] En fixant le salaire quotidien à 3 francs, comme il y a dans l’année 300 journées de travail, mes livres ont donné pendant vingt ans le salaire de 692 personnes » (Nouvelle Revue, 1881).

Il faut prendre au sérieux les critiques qui disent alors que Dumas « dresse le couvert pour son siècle et donne à dîner à toute une génération » (Le Figaro, 1858). En effet, si ses romans nourrissent en émotions les abonnés du Siècle ou de la Presse, ils permettent également à Dumas de participer activement à la vie commerciale de son époque et de subvenir à ses besoins personnels. Aux rôles de romancier et de cuisinier s’ajoute aussi celui de pourvoyeur :

 « Dumas a eu ou plutôt s’est continuellement imposé de grandes charges. Sa plume nourrissait une tribu, une smala tout entière. Les familles de ses maîtresses, si elles étaient pauvres, se faisaient de droit entretenir par lui. Père, mère, sœurs, frères, y en eût-il une demi-douzaine, tout cela était à ses frais. Les oncles, les tantes, les constances, ce petit exercice se répétait à perpétuité » (Dash, 182).

Cette vision de Dumas en cuisinier est intéressante donc dans la mesure où elle rend aussi compte du rôle du romancier dans la désacralisation de la littérature. La fierté qu’aura Dumas pendant toute sa carrière à montrer que l’écriture peut être un travail lucratif, fierté que ses contemporains prendront souvent pour de la vantardise, annonce, en vérité, le nouveau statut d’indépendance qu’adoptera l’écrivain au XIX e siècle. Comme l’indique Jean-Yves Mollier, Dumas, revendiquait « quarante ans avant Zola, le droit pour le littérateur de gagner de l’argent » (137). Dans les Lettres sur la cuisine à un prétendu gourmand napolitain comme plus tard dans son Grand dictionnaire de cuisine, Dumas se plaira lui-même à associer littérature et cuisine. Il considérera d’ailleurs ce dernier ouvrage comme «le couronnement » de son œuvre littéraire. Nombreuses seront aussi les recettes qui porteront le nom de ces personnages (« Pâté d’anchois à la Monte Cristo », « Gâteau à la Gorenflot »12, etc.). Pour Dumas, l’art de la cuisine et celui d’écrire se confondent : ils sont tous deux des métiers.

 

Conclusion

 Pour la presse parisienne de la première moitié du XIX e siècle, il n’existe pas de distinction entre « manger » et « lire » : les deux activités sont assimilées à l’idée de la consommation. La métaphore culinaire sert, comme nous l’avons démontré, à dévaloriser la littérature dumasienne, mais aussi à montrer son immense popularité auprès des nouveaux lecteurs. Le besoin d’évasion et d’émotions comblé par les romans de Dumas n’échappe pas aux critiques de l’époque qui considèrent que ses feuilletons servent littéralement d’aliments auprès d’un public-lecteur de plus en plus nombreux cherchant à se divertir et s’amuser. Dumas, en se servant de collaborateurs et en inventant un système de production relevant du travail à la chaîne fait de la littérature un métier et se créé une réputation unique parmi les écrivains de l’époque. En se présentant lui-même en cuisinier du roman-feuilleton et du théâtre, Dumas rejette toute conception idéalisée de la littérature et lui donne une fonction purement utilitaire, viatique, voire monétaire.

Outre de dénoncer les pratiques d’écriture de Dumas jugées souvent douteuses, la métaphore culinaire est intéressante sous plusieurs autres aspects. En utilisant un lexique relevant de la gastronomie pour critiquer les œuvres et les méthodes de travail de Dumas, ces articles nous informent sur les profonds changements qui surviennent alors dans le champ littéraire. Ainsi, la réception de Dumas dans la presse parisienne entre 1840 et 1860 constitue un précieux témoignage sur le nouveau statut culturel que prend le livre, voire le roman, au cours du XIX e siècle. Objet de savoir, de luxe, auparavant réservé à l’élite, le livre ainsi associé au monde de la cuisine devient banalisé, au point même d’être assimilé à un simple produit de consommation. La métaphore culinaire révèle surtout avec quelle envergure la littérature occupe une place importante dans la vie quotidienne en s’instaurant comme une pratique relevant du familier, de l’intime et du privé.

Enfin, l’utilisation du thème de la gastronomie pour traiter du livre et de l’écrivain ne s’arrêtera pas avec Dumas en 1840. À la fin du siècle, la pratique se manifestera sous d’autres modes culturels qui dépasseront les cadres du journal ou de la revue. Si Alexandre Dumas se fait comparer à des « patés », Émile Zola, se transformera littéralement en galette. En 1898, pour dénoncer l’implication de Zola dans l’affaire Dreyfus, on ira ainsi jusqu’à vendre à l’Esplanade des Invalides des biscuits en pain d’épices en forme de cochon représentant le chef de file de l’école naturaliste. Une « mode populaire » alors à en croire Jean de Tinan.

 

Notes

1 Le roman s’était vendu à 800 exemplaires et a paru quotidiennement du 25 juin 1844 au 26 août 1845 dans Le Constitutionnel qui compte alors 20 000 abonnés. C’est un nombre exceptionnel si l’on considère que le tirage moyen d’un roman à l’époque ne dépasse pas les 1 500 exemplaires.

2 Lettre de Victor Hugo à Alexandre Dumas fils du 15 avril 1870.

3 La même année, il partira avec une cuisinière nommée Marie pour Roscoff afin de mettre au point les recettes qui paraîtront dans son Dictionnaire de cuisine, publié deux ans après sa mort.

4 Par exemple, Jean-Jacques Brocher (« Mangez-moi et adorez Dieu », L’Arc, 71, (1978) : 91-93) H. Perrochon (« Dumas cuisinier », Culture française, 13, (1968) :95-96) et Hervé Jaouen (« La cuisine d’Alexandre Dumas tient au corps et à l’esprit », Le Magazine littéraire, vol.412, (2002) :45) ont traité des recettes composées par Dumas, tandis que le travail de Michelle S. Cheyne associe l’œuvre de Dumas à la formation de l’identité nationale fançaise au XIX e siècle.

5 Les limites qui nous ont été imposées pour ce travail ne nous permettant pas de nous attarder sur l’étendue des publications portant sur Dumas au XIX e siècle, nous avons fait le choix de ne considérer que quelques articles publiés dans La Presse, Le Figaro, Le Siècle, La Revue critique des livres nouveaux, L’Illustration, Le Charivari ainsi que La Revue des deux mondes, journaux et revues qui occupent alors une importante place dans le domaine de la presse. Au besoin, nous ferons ponctuellement référence à d’autres témoignages relevés dans des mémoires et dans la correspondance d’écrivains du XIX e siècle.

6 « Autour de cette table où le journal s’étale », Pommier, Amédée, « Satires. Les trafiquans littéraires », La Revue des deux mondes, 4, 1844, p.904.

7 C’est nous qui soulignons.

8 Mirecourt, Eugène de, Fabrique de romans : Alexandre Dumas et Cie, Paris, 1845.

9 Comme l’explique Éric Schlosser dans son ouvrage Fast-food nation. The dark side of the all-american meal , c’est en 1948 que les frères McDonald instaurent dans leur restaurant cette pratique de travail: “They divided the food preparation into separate tasks performed by different workers. To fill a typical order, one person grilled the hamburger; another dressed and wrapped it; another prepared the milk shake; another made the fries; and another made the counter”(20).

10 C’est l’expression qui est utilisée pour parler du Capitaine Pamphile de Dumas. Revue critique des livres nouveaux, 1839, p.311.

11 Voir Schopp, Claude, Alexandre Dumas. Le génie de la vie, Paris : Fayard, 1997.

12 Ces plats ont figuré dans le menu du dîner offert par Alexandre Dumas à son ami Vuillemot en septembre 1869.

 

Bibliographie

Bassan, Fernande. « Le Roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870) ». Nineteeth Century French Studies, 22, (1993) : 110-111.

Brillat-Savarin. Physiologie du goût. Paris: G. Gonet, 1848.

Cheyne, Michelle, S. « Lettres sur la cuisine : Dumas père et la « gastrophisation » de la création littéraire française au XIX e siècle », Colloque de l’UVSQ, 2005 (à paraître).

Comtesse Dash. Mémoire des autres. Paris: Librairie illustrée, 1896.

Dumasy, Lise. La querelle du roman-feuilleton. Grenoble: ELLUG, 1999.

Gay, Sophie. Souvenirs d’une vieille femme. Paris: Abel Ledoux, 1834.

Kalifa, Dominique. La culture de masse en France. 1. 1860-1930. Paris: La Découverte, 2001.

Lyons, Martyn. Le triomphe du livre : une histoire sociologique de la lecture dans la France du XIX e siècle. Paris: Promodis, 1987.

Mollier, Jean-Yves. « Alexandre Dumas et la littérature industrielle », In Dumas, une lecture de l’histoire. Paris: Maisonneuve et Larose, (2003) : 135-152.

Orecchioni, Pierre. « Eugène Sue, mesure d’un succès ». Europe, 643-644, (1982) : 157-166.

Schlosser, Eric. Fast-food nation: The dark side of the all-american meal. New York: Harper Perennial, 2005.

Villemessant, Hippolyte de. Mémoires d’un journaliste. Paris: Dentu, (1872) : 233-296.

 

Revues et journaux cités :

Le Charivari, 20 avril 1848.

L’illustration, 13 février 1847.

L’Illustration, 25 février 1847.

L’Illustration, 24 février 1848.

Tinan, Jean de, « Théâtres », Mercure de France, juin 1898.

Claretie, Jules, «  Alexandre Dumas père homme politique », La Nouvelle Revue, VIII, 1881.

Vialon, Prosper, « Alexandre Dumas. 1802-1872 », Paris-Magazine, 5 et 12 novembre 1873.

La Presse, 13 février 1847.

La Presse, 22 février 1847.

La Presse, 6 février 1848.

La Presse, 20 avril 1874.

Revue critique des livres nouveaux, 1839.

Romand, Hippolyte, « Poètes et romanciers modernes de la France. IX. Alexandre Dumas », Revue des deux mondes,1, 1834.

 Sainte-Beuve, « De la littérature industrielle », La Revue des deux mondes, 3, 1839.

Pommier, Amédée, « Satires. Les trafiquans littéraires », La Revue des deux mondes, 4, 1844.

Limayrac, Paul, « Du roman actuel et de nos romanciers », La Revue des deux mondes, 3, 1845.

Mazade, Charles, « Œuvres littéraires de ce temps. Le roman, la poésie et la critique », La Revue des deux mondes, 2, 1846.

Le Siècle, 29 septembre 1847.


Geneviève De Viveiros a obtenu son baccalauréat en études françaises à l'Université de Montréal en 2002, et sa maîtrise à l'Université de Toronto en 2003. Elle estprésentement étudiante au doctorat au sein du département d'études françaises de l'Université de Toronto. Elle est également assistante de recherches au Centre d'études sur le XIXe siècle Joseph Sablé, et boursière du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH-SSHRC). Sa thèse ("Entrée en scène: Émile Zola et l'adaptation théâtrale.  Étude d'une pratique culturelle à la fin du XIXe siècle") porte sur les adaptations théâtrales au XIXe siècle--les pièces tirées de romans représentées à Paris entre 1850-1914.