Return to Equinoxes, Issue 3 : Printemps/Eté 2004
Article ©2004, Stéphanie Ravillon
Cela fait des décennies que l'on proclame la mort du roman. La principale
raison que l'on oppose aux écrivains est que le roman n'est plus, comme
à ses origines, porteur de nouveauté car ce que le roman disait
autrefois est désormais dit, de façon plus rapide et plus efficace,
à un nombre beaucoup plus grand de personnes par les médias. Les
anciens territoires du roman ayant été annexés par l'univers
de la communication immédiate, les écrivains d'aujourd'hui se
doivent de réinventer l'art romanesque. Ils doivent montrer, outre que
le langage est source d'espoir, que le roman s'impose comme une arène
privilégiée au sein de laquelle des personnages, des langages,
des civilisations et des temps historiques qui n'auraient jamais eu aucune chance
d'entrer en relation ont la possibilité de se croiser et de fusionner.
Le fait que des réalités ordinairement séparées
puissent se côtoyer et se fondre révèle la portée
symbolique, mais aussi politique du roman. Le roman n'est pas une plaisanterie:
« C'est une manifestation de la diversité culturelle, personnelle
et spirituelle de l'humanité et la preuve que les centres de pouvoir
sont en train de s'affaiblir, de se transformer pour former de nouvelles constellations »
(Fuentes 218-19). Les narrations issues des colonies, ces anciens confins que
le centre, c'est-à-dire l'Europe, jugeaient excentriques, sont également
la preuve que la « littérature mondiale » chère à
Goethe est une littérature de la différence, et sont révélatrices
de la diversité apportée par l'imagination littéraire.
Les nouvelles constellations qui composent la géographie du roman prouvent
qu'il est désormais possible de concevoir une famille littéraire,
au-delà des limites nationales.
C'est justement le caractère transnational et interculturel du phénomène
de créolisation qui nous a incitée à regarder d'un peu
plus près la réalité antillaise. Avant l'arrivée
de Christophe Colomb, l'archipel était peuplé d'Indiens arawaks
et caraïbes. Après l'extermination presque totale de ces Indiens,
la traite des esclaves entraîna la naissance d'une société
extrêmement diversifiée au sein de laquelle se développèrent
les créoles, ces ensembles linguistiques issus du croisement d'un substrat
africain et de divers lexiques occidentaux. Il fallut attendre la seconde moitié
du XXe siècle pour que les écrivains antillais s'élèvent
contre l'hégémonie culturelle blanche et dénoncent les
phénomènes de dépersonnalisation propres à la situation
coloniale. Leur rejet du colonialisme ouvrit la voie à une véritable
quête d'identité qui permit de démontrer, non seulement
que l'écriture avait une dimension politique, mais aussi qu'il était
bel et bien possible de concevoir une famille littéraire au-delà
des frontières nationales et linguistiques.
Pour aborder la double question du rôle de l'écrivain et de la
définition de l'écriture et de l'art par ses acteurs, nous avons
donc choisi d'examiner les écrits théoriques de deux auteurs originaires
des Antilles, Edouard Glissant et Wilson Harris. Bien que d'expression différente-Edouard
Glissant est né en Martinique et Wilson Harris a vu le jour en Guyane
Britannique-, les deux hommes se sont engagés sur la même voie
et n'ont cessé de s'interroger sur la place de l'écrivain dans
la société antillaise. Dans leurs textes théoriques, ces
deux auteurs soulignent l'importance d'une démarche artistique capable
de combattre les préjugés et les stéréotypes et
de dépasser les clivages nationaux, politiques, culturels et linguistiques.
Pour ces auteurs, la réflexion historique se double toujours d'une réflexion
politique, qui, elle-même, s'accompagne toujours d'une méditation
sur la littérature, l'imaginaire et le processus de création artistique.
D'après eux, l'exploration des possibles de l'imaginaire est une nécessité
absolue, pour ne pas dire une question de survie, car elle permet à l'écrivain
de s'interroger sur la question de la représentation et sur les conséquences
politiques de l'écriture.
D'après les deux auteurs, le principal devoir de l'écrivain est
d'arracher le roman aux formes traditionnelles de narration et de privilégier
le travail sur la langue afin de créer un langage et des formes littéraires
dans lesquels l'expérience et le destin des peuples autrefois colonisés
et toujours défavorisés puissent enfin trouver leur pleine expression.
Pour ces deux auteurs, l'écriture s'impose comme le seul moyen capable
de faire revivre les traces laissées par les cultures minoritaires et
de rendre hommage à l'exigence de changement et de dialogue mutuel qui
caractérise toute situation interculturelle. L'art du roman qu'ils ont
construit, et qu'ils continuent de construire, constitue donc un appel, sinon
à la révolte, du moins au sursaut libérateur, et reflète
le destin d'un peuple composite à la recherche de son identité.
Si nous avons choisi de nous intéresser aux écrits théoriques
de ces auteurs plutôt qu'à leur univers romanesque ou poétique,
c'est parce que leurs essais font souvent figure de véritables professions
de foi.
Si Edouard Glissant évoque, dans ses écrits, l'histoire des Antilles,
ce n'est en aucun cas pour dresser un tableau idyllique de la vie sous les tropiques.
Son uvre, même si elle célèbre avec lyrisme la Martinique
et les Martiniquais, n'en dénonce pas moins l'oppression dont ils ont
été, et sont toujours, victimes. Edouard Glissant, qui ne croit
pas à l'immunisation réciproque du monde de la fiction et du monde
de la réalité historique, s'arrange toujours pour ménager
au sein de ses écrits un entre-deux, qui se situe à mi-chemin
entre le référentiel et la pure invention. Son uvre évoque
donc les métamorphoses incessantes de l'être et les tensions antagonistes
du monde tout en rendant compte de la nature diverse et non-monolithique de
l'identité antillaise et en s'opposant au modèle colonial imposé
par l'Occident.
Le rejet du colonialisme se traduit, chez Edouard Glissant, par un rejet des
conventions littéraires, ainsi que par un refus des oppositions binaires
entre blanc et noir, maître et esclave, tradition et modernité,
centre et périphérie, ou encore colonisateur et colonisé
autour desquelles la critique postcoloniale s'est d'abord structurée.
Cette thématique du choc des cultures, qui est certes encore présente
dans de nombreux romans postcoloniaux, a d'abord visé à distinguer
une identité pure, qui n'aurait pas été souillée
par le monde occidental et la colonisation. Les phénomènes de
contacts entre cultures étaient alors perçus en termes de déchirement,
et de choix à deux termes. Edouard Glissant, qui s'est toujours élevé
contre cette vision réductrice, considère l'écriture comme
le meilleur moyen de rendre compte des mutations incessantes de l'être
et de démontrer que le choc des cultures peut avoir des effets autres
que négatifs.
Le droit à l'opacité, qu'Edouard Glissant réclame pour
tous, est justement ce qui permet aux peuples néantisés de revendiquer
leur identité propre et d'opposer « à l'universel de la transparence,
imposé par l'Occident, la multiplicité sourde du Divers »
(Discours Antillais 13). L'opacité n'est pas forcément
synonyme d'incompréhensibilité car il suffit, pour pouvoir comprendre
l'Autre, non pas de le réduire au Transparent, mais plutôt d'accepter
sa différence, en le mettant en rapport, sans hiérarchiser, avec
le monde. Pour Edouard Glissant, l'opacité est la preuve que les êtres
et les idées ont le pouvoir de se mêler. La pensée de l'opacité,
qui est aussi la pensée du non-réductible et la plus vivace des
garanties de participation et de confluence, est ce qui conditionne notre rapport
à l'identité, et nous fait accepter la part obscure de chaque
être et la nature fractale des comportements humains. C'est aussi ce qui
nous aide à prendre conscience du danger qu'il y a à vouloir ramener
toute chose à l'évidence de la transparence.
Comme le fait remarquer Edouard Glissant dans Introduction à une poétique du Divers :
Cela va prendre beaucoup de temps mais dans la relation mondiale aujourd'hui c'est une des taches les plus évidentes de la littérature, de la poésie, de l'art que de contribuer peu à peu à faire admettre 'inconsciemment' aux humanités que l'autre n'est pas l'ennemi, que le différent ne m'érode pas, que si je change à son contact, cela ne veut pas dire que je me dilue dans lui, etc. Il me semble que c'est une autre forme de combat que les combats quotidiens, et que pour cette forme de combat l'artiste est l'un des mieux placés (...). Parce que l'artiste est celui qui approche l'imaginaire du monde, et que les idéologies du monde, les visions du monde, les prévisions, les plans sur la comète commencent à faillir et qu'il faut commencer à lever cet imaginaire. Ce n'est plus là rêver le monde, c'est y entrer. (57)
Pour Edouard Glissant, l'écriture a donc pour fonction, non seulement
de faire disparaître les pensées de système et l'universalisme,
mais aussi d'établir la consubstantialité de l'étant et
de l'errance, de l'identité et des pensées de déplacement,
de la Relation et des migrations. L'écrivain antillais, pour qui l'identité
n'est pas dans la racine, mais dans la Relation, affirme que la Relation n'est
pas un absolu, mais une totalité qui cherche à se parfaire. D'après
lui, l'identité s'impose donc comme une totalité qui comporte
des ouvertures, et qui ne craint pas la dilution. Pour Edouard Glissant, la
grande question demeure donc celle-ci: comment être soi sans se fermer
à l'autre, et comment s'ouvrir à l'autre sans se perdre soi-même?
Si la créolisation est à même d'apporter un début
de réponse à cette question, c'est, d'après Edouard Glissant,
parce qu'elle a le pouvoir de détourner la pensée de l'homme de
la pensée de l'Un, et de l'ouvrir à l'émoi de la diversité.
C'est également parce qu'elle a la capacité de précipiter
la rencontre d'éléments culturels venus d'horizons très
divers, et de faire apparaître le monde sous un jour radicalement nouveau.
Si l'écrivain antillais se refuse à prôner la créolisation,
ce n'est pas parce qu'elle lui semble négative; c'est tout simplement
parce qu'il la considère plus comme une réalité à
admettre que comme un remède à préconiser. La thèse
défendue par Edouard Glissant est donc que le monde se créolise.
Pour Edouard Glissant, la créolisation n'est pas seulement un phénomène
linguistique. C'est une véritable mutation de la pensée humaine,
« une recomposition du paysage mental [des] humanités d'aujourd'hui »
(Traité du Tout-Monde 15). Il suffit, pour s'en convaincre, de
contempler le panorama actuel du monde, et de constater l'émergence d'une
sorte de communauté faite de la totalité réalisée
de toutes les communautés du monde. Cette totalité, bien que réalisée
dans le conflit, l'exclusion, le massacre et l'intolérance, n'est rien
d'autre que le reflet de la relation mondiale. C'est un gage, non pas de la
grandeur ou de la décadence du monde moderne, mais plutôt de la
capacité qu'a ce dernier d'évoluer, et de faire comprendre aux
hommes qu'ils ne sont pas faits d'être, mais d'étant, et qu'il
est donc de leur devoir d'accepter de changer en s'échangeant.
Avant d'accepter le fait qu'ils soient en perpétuel devenir, les hommes doivent par conséquent s'interroger sur les chances qui leur sont offertes d'être eux-mêmes sans se fermer aux autres, et de consentir à leur présence sans renoncer à eux-mêmes. Pour Edouard Glissant, c'est principalement à l'écrivain qu'il revient de répondre à ces interrogations, car lui seul a le pouvoir de défendre la communauté dont il fait partie, et de s'élever contre l'universel généralisant. L'écrivain, dont le rôle principal est de participer à l'élaboration d'une littérature nationale, est responsable du passage de l'univers transcendental du Même à l'ensemble diffracté du Divers (Discours Antillais 190-93). Pour faciliter ce passage, l'écrivain se doit d'irriguer son écriture aux sources de l'oral car l'oralité a pour effet de plonger l'écrivain dans une angoisse vivifiante qui lui permet d'être en phase avec la totalité-monde.
Parce qu'il se trouve aujourd'hui au carrefour des cultures, l'écrivain
est l'un des mieux placés pour démontrer que le choc des cultures
peut aussi être l'occasion d'une euphorie créatrice. Pour cela,
l'écrivain doit néanmoins accepter d'écrire en présence
de toutes les langues du monde. Si le multilinguisme, que l'on pourrait définir
comme la présence des langues du monde dans la pratique de la sienne,
est nécessaire, c'est avant tout parce que l'imaginaire de l'homme a
besoin de toutes les langues du monde pour prendre corps, mais c'est aussi parce
que l'écrivain a besoin de l'imaginaire pour s'opposer à la standardisation
et s'ouvrir à la créolisation.
Wilson Harris, quant à lui, n'utilise jamais le mot « créolisation. »
Il ne rejette en rien ce terme, mais préfère lui substituer celui,
moins marqué géographiquement d' « interculturel » (laquo; cross-culturalism » ).
Ce choix révèle que Wilson Harris attache plus d'importance aux
échanges (laquo; cross-culturalism » ) qu'à l'indifférence
affectée par les cultures, qui, bien que forcées de vivre côte
à côte, se frôlent sans jamais se toucher (laquo; multi-culturalism » ).
Cette préférence marquée pour l'interculturel est le signe
d'un attachement profond à la notion de dialogue; c'est aussi la preuve
que Wilson Harris est conscient de l'importance du rôle des échanges
dans la conception et l'élaboration de la tradition, mais aussi de l'influence
de cette dernière sur le processus de formation de l'individu.
Si Wilson Harris prône le dialogue interculturel, c'est avant tout parce
qu'il considère ce dernier comme le seul dialogue capable d'opérer
des rapprochements entre des cultures que le temps et l'espace ont éloignées;
c'est aussi parce que, pour lui, il ne saurait être d'hétérogénéité
sans véritable dialogue, de la même façon qu'il ne saurait
être de présent sans passé, de nouveauté sans tradition,
ou encore d'identité sans racines. Wilson Harris est convaincu que la
tradition doit se reposer sur le passé, car seul le poids de ce dernier
est capable de donner de la consistance au présent. Selon lui, il est
donc du devoir de l'écrivain de s'efforcer, « par un dialogue avec
le passé, d'exhumer les éléments des traditions qui ont
été éradiquées de la surface du globe par la bêtise
et la cupidité des hommes » (Dubois 124).
Si les hommes ont tant de mal à vivre de façon harmonieuse, c'est,
d'après Wilson Harris, parce qu'ils s'entêtent à ignorer
le dynamisme de la tradition, et qu'ils s'obstinent à avoir une vision
statique et polarisée du monde (Exploration 65-9). Si Wilson Harris
fait référence, à travers ses personnages, à toutes
les composantes de la population guyanaise, c'est donc pour souligner le pouvoir
créatif de l'hétérogénéité des cultures
et démontrer que la société antillaise est un véritable
ferment de créativité, qui se caractérise par un dynamisme
évolutif capable de transcender les frontières du réel.
Pourtant, l'hétérogénéité n'est pas, d'après
Wilson Harris, l'apanage de la Caraïbe. Composante essentielle du monde
moderne, elle a contribué à l'effritement des frontières,
précipité les rencontres d'artistes tels que Paul Gauguin ou Pablo
Picasso, et permis à l'humanité de se libérer de certains
de ses préjugés et stéréotypes. D'après Wilson
Harris, c'est à l'écrivain qu'il incombe de mener plus avant ce
processus de libération.
L'uvre de Wilson Harris, qui entre parfaitement dans la définition
bakhtinienne de notre époque comme une ère de langages en confrontation,
montre que le rôle de l'écrivain est d'orchestrer la rencontre
de personnages, de civilisations, d'époques historiques et de réalités
dissemblables. Pour cela, l'artiste doit mettre à nu ce que l'histoire,
et en particulier l'histoire coloniale, a en partie caché. Il doit arracher
le roman aux formes traditionnelles de narration et privilégier le travail
sur le langage afin de devenir le porte-parole des cultures minorisées.
Il doit s'interroger sur la question de la représentation et sur les
conséquences politiques de l'écriture, et mettre en évidence
la nécessité d'aller au-delà de l'anglicité de la
langue anglaise et de rejeter le politiquement correct afin de créer
un langage et des formes littéraires capables de refléter l'expérience
post-coloniale.
En faisant de l'écriture et du langage les instruments de la (re)création
imaginative, Wilson Harris a réaffirmé son attachement à
la notion d'hétérogénéité, mais aussi son
désir de voir disparaître les clivages et les polarisations au
profit d'un dialogue avec l'Autre. En vantant les pouvoirs métamorphiques
de l'imaginaire interculturel, Wilson Harris a fait valoir l'importance du rôle
des échanges dans l'élaboration de la tradition et la formation
de l'individu. Il a démontré que l'hétérogénéité
était une composante essentielle du monde moderne, et a fait, tout comme
Edouard Glissant, l'éloge du processus de créolisation. En affirmant
que les échanges avaient le pouvoir de détourner la pensée
de l'homme de la pensée de l'Un, Edouard Glissant et Wilson Harris ont
démontré que l'identité comportait des ouvertures, et que
l'homme n'avait d'autre choix, pour évoluer, que de céder à
la tentation du différent.
A l'instar de Gibreel Farishta, qui parvient, dans The Satanic Verses, à « tropicaliser » Londres en rendant la sieste obligatoire et en implantant de nouveaux usages dans la capitale britannique, Edouard Glissant et Wilson Harris ont réussi à « tropicaliser » le roman en enracinant leur imaginaire dans la culture très spécifique des Antilles. En dépit du caractère utopique de leur vision, ces deux auteurs sont parvenus à démontrer que l'imagination interculturelle occupait une place prépondérante dans leur stratégie de création littéraire, et ont souligné le rôle essentiel que celle-ci pouvait jouer pour permettre à nos sociétés de passer d'un syncrétisme de façade, structuré autour d'oppositions simples entre tradition et modernité, centre et périphérie, colonisateur et colonisé, etc., à une véritable créolisation qui pourrait bien devenir la marque distinctive de l'ère post-coloniale.
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